American Honey, l’odyssée sauvage d’Andrea Arnold

Photo du film American Honey © Parts & Labor LLCPulse Films Limited The British Film Institute Channel Four Telev

Pour son premier film tourné hors de Grande-Bretagne, la cinéaste signe un road trip aux contours visuels audacieux. American Honey évoque le désir d’indépendance d'une adolescente embarquée dans une virée de débauche par l'équipe commerciale d'un magazine.

Solide héritière d'un cinéma social britannique à la recherche d'un second souffle, Andrea Arnold a installé l’intrigue de ses deux premiers films au cœur de la banlieue pour y dépeindre sa détresse, dans un style naturaliste chevillé à ses personnages. Red Road (2006), puis Fish Tank (2009), soulignaient toute l'habileté de cette réalisatrice, qui déploie un cinéma « d'instinct », à décrire le chaos qui entoure ceux que la vie a écorché.

Poussée par la lecture d'un article du New York Times après Les Hauts de Hurlevent (2012), la cinéaste s’est engagée pour un périple de plusieurs semaines à travers le Midwest et le Sud des États-Unis, dans le sillage d’un groupe de jeunes démarcheurs en porte à porte. Elle y a découvert un quotidien fait de fêtes, de sexe et de drogues.

« J’aime le chaos, justement parce qu’il amène de la vie »

Les préparatifs d’American Honey l'ont également conduite sur des plages du Panama, terres rongées par la pauvreté où la consommation systématique des drogues et de l'alcool gangrène les esprits et les corps. Là, elle a pu auditionner sur le vif des jeunes marginalisés.

Comme pour Fish Tank, l'actrice principale du film, Sasha Lane – qui donne notamment la réplique à Shia Labeouf – a été repérée par la cinéaste par hasard, dans un restaurant Texan où elle travaillait comme serveuse. Le long métrage, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, s'appuie d’ailleurs sur un casting d'acteurs majoritairement non-professionnels, des « wild kids » rencontrés sur la route.

La réalisatrice, qui travaille beaucoup au ressenti, dit avoir de nouveau fonctionné sans répétitions ni storyboard pour se connecter émotionnellement à son histoire.