Apprentice, rendez-vous avec Boo Junfeng

Photo du film Apprentice © Meg White

A 32 ans, Boo Junfeng incarne la jeune génération du cinéma singapourien. Il est remarqué en 2010 à la Semaine de la Critique avec Sandcastle, son premier long métrage. Cette année, il est sélectionné au Certain Regard pour Apprentice, un drame psychologique dans une prison, entre un gardien et le bourreau de l'enceinte.

Qu’est-ce qui vous a inspiré ce film ?

La peine de mort est un sujet important dans plusieurs pays mais le point de vue du bourreau est rarement exploré. J’étais curieux de savoir ce qui se passe au moment de l’exécution et ce à quoi ressemblerait l’histoire du point de vue du bourreau.

Quelle était l’ambiance sur le tournage ?

Sur le tournage d’Apprentice, j’ai décidé de faire preuve de souplesse avec les acteurs pour laisser des surprises. C’était une approche bien plus collaborative que d’habitude et je pense que ça a ouvert le champ des possibles pour ce film. Le malais n’étant pas ma langue maternelle, j’ai collaboré étroitement avec un traducteur, qui est aussi dramaturge, des répétitions au tournage pour que chaque mot soit dit de manière appropriée et authentique. Les acteurs ont également participé à des ateliers pratiques de confection de cordes et ils ont échangé avec des personnes que j’ai interviewées quand j’écrivais le scénario.

Quelques mots sur vos acteurs ?

Fir Rahman est un acteur très intuitif. Après avoir capté l’esprit d’Aiman, il est devenu le personnage. Quand je lui demandais quelque chose, j’avais l’impression que c’était à Aiman que je parlais et non à Fir.
Wan Hanafu Su a un charisme naturel qui allait très bien avec le personnage de Rahim. Il y a quelque chose d’imprévisible en lui qui a ajouté de la couleur au personnage de Rahim.

Que pensez-vous de l’industrie cinématographique de Singapour ?

Comparé à d’autres pays d’Asie du Sud-Est, Singapour est très petit et encore émergent mais ça devient de plus en plus stimulant. De nombreux jeunes réalisateurs avec des idées intéressantes s’épanouissent petit à petit à travers des marchés de projets et des laboratoires cinématographiques. En plus, il y a une vraie prise de conscience quant au rôle de l’art et du cinéma dans la société.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

J’aime me balader dans les musées, aller au théâtre voir des pièces, avoir des idées dans des lieux inattendus – comme le son d’une sculpture à vent ou la manière dont la lumière s’abaisse dans un théâtre. Pendant mes recherches et l’écriture du film, j’ai pris conscience d’avoir vécu la fiction viscéralement au travers des fictions des autres – les films que j’avais vus ou les livres que j’avais lus. Je ne voulais pas que les scènes de mon film ne s’inspirent que de ça. J’avais besoin qu’elles viennent de la vraie vie. Alors pendant deux ans j’ai rencontré des gens, compris leurs différents points de vue et tenté des choses en dehors de ma zone de confort.