Aquarius, retour à Recife pour Kleber Mendonça Filho

Photo du film Aquarius © 2016 Victor Jucá / CinemaScópio

Après Les Bruits de Recife, le cinéaste brésilien retrouve sa ville natale et filme l’impact de la spéculation immobilière sur ses habitants. Aquarius aborde également le thème des conflits de valeurs au travers du combat de Clara, une sexagénaire à l'heure du bilan de sa vie.

Ancien critique et auteur de courts-métrages salués dans les festivals, Kleber Mendonça Filho a franchi en 2013 le pas du long métrage avec un premier film inventif, visuellement rigoureux, respirant un cinéma pensé jusque dans son univers sonore, entêtant et travaillé.

Décortiquant la paranoïa sécuritaire des habitants d'un quartier propret, Les Bruits de Recife tenait également un propos éminemment plus politique, dénonçant un système de classes sociales archaïque, gravé dans l’architecture froide et figée les buildings. Le film fragmentait les espaces et se façonnait comme on boucle un puzzle, pièce par pièce, en multipliant les approches de genres et les ruptures de ton. Il laissait s'installer un sentiment de violence sans que celui-ci soit montré à l'écran.

Conflits de valeurs et spéculation immobilière

Dans Aquarius, Kleber Mendonça Filho décrit les questionnements existentiels de Clara (Sônia Braga), une critique musicale à la retraite décidée à se battre pour ne pas quitter un vieil immeuble promis à la destruction. Kleber Mendonça Filho explique avoir écrit ce second long métrage en s'inspirant du destin funeste d'un édifice délabré, situé sur une riche artère du centre-ville de Recife.

Le film pointe avec subtilité les conflits de valeurs entre les générations et la vague de spéculation immobilière qui s’est emparée de Recife, en se focalisant sur l’impact psychologique qu’elle génère sur ses habitants. « Dans mes films, j’applique cette logique : celle de témoigner des changements en fixant un point de vue lié au cadre de la vie personnelle », justifie le cinéaste.