Captain Fantastic, rendez-vous avec Matt Ross

Photo du film Captain Fantastic © Cathy Kanavy

Connu pour ses performances d’acteur, notamment au sein de Volte/Face, American Psycho ou encore Aviator, l’Américain Matt Ross, passé derrière la caméra en 2012 avec 28 Hotel Rooms, est présent pour la première fois à Un Certain Regard avec Captain Fantastic, porté par Viggo Mortensen.

Racontez-nous la genèse de votre film.

Le déclic est venu avec la naissance de mes deux enfants. En ce sens, Captain Fantastic est l’histoire la plus personnelle que j’ai pu écrire jusqu’à présent. Tous les parents souhaitent que leurs enfants aient une vie heureuse et épanouissante et les préparent à affronter les obstacles sur leurs parcours. Captain Fantastic est une exploration dramatique et parfois comique de cette idée. Viggo Mortensen interprète Ben Cash, un homme qui a dévoué sa vie à l’éducation de ses enfants. Il abandonne sa carrière, déménage avec sa famille dans un endroit où ils peuvent vivre paisiblement et passe chaque instant à élever ses enfants  et mettre tout en œuvre pour les préparer à affronter le « monde réel ». Le film pose une seule question : « En tant que parent, où est la limite entre en faire trop et ne pas en faire assez ? »

L’atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?

Je suis de ceux qui pensent qu’on ne peut pas ordonner aux acteurs de livrer une performance entre « Action » et « Coupez ».  Mon but est d’encourager et de créer un environnement propice à l’exploration. Faire des films devrait être  un travail de découpage, d’approfondissement. Mais c’est aussi un travail de collaboration. Chaque personne, techniciens ou acteurs, me pousse à élargir comme à réduire mes intentions initiales. Je pense qu’il faut trouver un juste milieu entre, permettre aux choses de changer et de se développer, et respecter l’idée originale qui est la raison pour laquelle chacun a décidé de prendre part à l’histoire.

Quelques mots sur vos interprètes ?

J’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec Viggo Mortensen. C’est un homme extraordinaire doté d’un esprit extraordinaire. Sur le tournage, sa simplicité et son humanité ont contribué à élever le film. Aux côtés de Viggo, le casting principal est composé d’enfants. Nous avions besoin d’enfants qui comprenaient les concepts compliqués décrits dans l’histoire et qui possédaient plusieurs talents. Chaque enfant est spécial. Et je voulais capturer cela.

Quel regard portez-vous sur le cinéma de votre pays ?

Honnêtement, je ne suis pas découragé. A l’ère numérique, faire des films n’a jamais été aussi facile. L’industrie des films indépendants est florissante et vibrante. Cependant, attirer une audience reste difficile. Il y a d’autant plus de compétition à cause des jeux-vidéos, de la télévision et d’Internet, qui prennent de l’ampleur. La plupart des studios aux États-Unis produisent en ce moment des formats destinés à une audience plus large, bien qu’il existe des exceptions. Pour être franc, je ne connais pas bien le monde des studios donc je ne peux pas vous en dire plus. Les studios produisent encore des films excellents mais il est de plus en plus difficile de réaliser un certain genre de films aux Etats-Unis. Je pense néanmoins que, tant que les réalisateurs feront des films, il y aura toujours un public pour aller les voir.