Cristian Mungiu livre ses doutes et compromis dans Bacalaureat

Photo du film Bacalaureat (Baccalauréat) © DR

Quand Cristian Mungiu est en Compétition, il ne rentre jamais sans une récompense. Palme d’or pour 4 Mois, 3 Semaines, 2 Jours en 2007, Prix du scénario pour Au-delà des collines en 2012, le réalisateur roumain concourt cette année avec Bacalaureat (Baccalaureat), un film très autobiographique.

Le baccalauréat. Le Graal qui permet d’accéder aux études supérieures. Pour Eliza, très bonne élève, ce devrait être une simple formalité. Son père Roméo se félicite d’avoir ainsi mis sa fille sur le chemin de l’université, jusqu’au jour où Eliza se fait agresser. Tout un futur devient alors trouble et Roméo va laisser de côté les principes inculqués à sa famille pour arranger la situation.

Au cœur de Bacalaureat, la compromission, la concession. Cristian Mungiu personnifie ce sentiment à travers Roméo, proche de la cinquantaine, socialement installé. Alors que le futur de sa fille est bouleversé, il est déjà au carrefour de sa vie. Son mariage bat de l’aile, sa mère est malade, et il doit reconsidérer l’éducation qu’il a donnée à son enfant. Pour traduire ces sentiments, la forme cinématographique s’imposait :

« Ce qui est particulier au cinéma, ce sont précisément les détails que l’on ne voit qu’en regardant le film : une attitude non traduisible, un sentiment imprécis, un état d’esprit opaque – des choses qu’on ne peut pas mettre en mots. »

Aller à l’encontre de ses valeurs, se compromettre, tel est le départ de ce qu’a voulu explorer Cristian Mungiu. Il analyse ce moment où dans sa vie, une personne est amenée à s’enfoncer dans le mensonge pour surmonter une épreuve et se retrouve aliénée, sans retour en arrière possible. En réalisant ce film, l’auteur laisse entendre qu’il questionne ses valeurs morales et espère interpeler le spectateur sur ses choix, mensonges et décisions.