Farrebique, hommage au premier film primé par la presse internationale

Photo du film Farrebique © DR

On y roulait encore les « r », on y parlait un patois aujourd’hui quasi disparu, on vivait proche de la nature. Farrebique, dans le Sud-Ouest de la France. C’est le nom de cette ferme où Georges Rouquier est venu filmer les siens pendant un an, de 1944 à 1945. Farrebique, c’est aussi le titre qu’il a donné à son long métrage. Ce film est le tout premier à décrocher le prix de la Fédération internationale de la presse cinématographique (Fipresci), c’était il y a 70 ans.

A Farrebique, chacun joue son propre rôle. Documentaire à peine romancé, fiction du réel, c’est une plongée dans le quotidien d’une famille : les veillées à la lampe à pétrole l’hiver, les moissons l’été, les labours l’automne. Georges Rouquier nous invite dans chaque moment, à table, aux champs, aux funérailles. Mais aussi dans les interrogations. Faut-il accepter l’arrivée de l’électricité ? Faut-il partager les terres ?

Ce film a valu à Georges Rouquier le statut de Père du documentaire français. Avec Farrebique, le réalisateur aveyronnais accède à une reconnaissance mondiale. Prix Fipresci à Cannes, le film est ensuite distribué aux États-Unis où il devient un objet d’étude. Steven Spielberg et Francis Ford Coppola y font référence et considèrent que l’œuvre fait date dans l’histoire du cinéma.

Trente-huit ans plus tard, Georges Rouquier retourne à la ferme des Farrebique et signe Biquefarre. Mêmes personnages, même ferme, mais tout a changé. Le paysan est devenu agriculteur, il utilise tracteur et pesticides, vend ses récoltes et achète ses denrées, l’occitan se fait plus timide. Là où Farrebique a laissé son empreinte cinématographique, Biquefarre, en miroir, témoigne du profond bouleversement de la France agricole.

Film numérisé et restauré par Eclair avec le soutien du CNC. Restauration 2K réalisée à partir du négatif nitrate et d’un marron nitrate. Coordination et suivi assurés par Cristina Martin aux Documents Cinématographiques.