Goksung (The Strangers), rumeurs et suspicions en vase-clos

Photo du film Goksung (The Strangers) © 2016 Twentieth Century Fox Film Corporation

Révélé à Cannes en 2008 avec The Chaser, Na Hong Jin a confirmé dans The Yellow Sea - sélectionné à Un Certain Regard en 2010 - son attrait pour le film noir. Brillant par son esthétique naturaliste, Goksung (The Strangers) met en scène l’enquête d’un inspecteur après une série de meurtres inexpliqués dans une communauté vivant en vase-clos.

Un vieil homme (Kunimura Jun) fait son apparition dans un petit village coréen tranquille, sans que personne ne sache d’où il vient, ni qui il est. Tandis qu’une mystérieuse rumeur enfle à son sujet, des villageois sont tués sauvagement de façon inexpliquée.

Pour l’inspecteur Jong-Gu (Kwak Do Won), chargé de mener l’enquête, la cause de ces atrocités a un fondement surnaturel. Tandis que la tourmente bat son plein dans le village, un chaman est appelé à la rescousse…

Six ans après The Yellow Sea, Na Hong Jin explore l’impact des rumeurs sur les membres d’une petite communauté mystérieusement frappée par la mort et met en scène l’histoire d’un père déterminé à sauver sa fille d’une menace aux contours inhabituels.

« L’anonymat engendre la suspicion »

Parti du postulat que « l’anonymat engendre la suspicion », le cineaste coréen dit avoir souhaité explorer en profondeur l’âme humaine, lorsqu’elle est « corrompue par une créature inconnue, dont on ne sait si elle est réelle ou imaginaire, bonne ou mauvaise ».

Na Hong Jin a privilégié dans ce vas-clos une narration à l’esthétique réaliste et au rythme soutenu, qui contraste avec la quiétude initiale des villageois. Le long métrage a été photographié par le célèbre chef opérateur Hong Kyung Pyo.

Deux ans et demi d’écriture ont été nécessaires au réalisateur pour boucler le scénario du film. « Après The Yellow Sea, je pensais avoir identifié mes limites. Mais avec ce projet, j’ai affronté quelque chose de vraiment féroce », témoigne-t-il, précisant que le tournage de Goksung (The Strangers) a duré six mois, avec une attention visuelle particulière portée aux villes et villages de Corée qui ont servi de décor.