Ikarie XB 1 : SF du bloc de l’Est

Photo du film Ikarie XB 1 © DR

Cannes Classics présente la version originale et restaurée de IKARIE XB 1 de Jindrich Polak, film de science-fiction tchécoslovaque sorti en 1963. Questions à Cyril Despontin, Directeur du Paris International Fantastic Film Festival et du festival Hallucinations Collectives.

S’agit-il, comme certains l’affirment, de l’un des films de Science-fiction les plus originaux de tous les temps ?
 
Effectivement, vue l’époque à laquelle il a été tourné, il s’agit d’une petite révolution dans la façon de montrer l’espace via des effets spéciaux réussis et innovants, et dans cette facilité à mélanger plusieurs styles au sein d’un même film (Science-fiction donc, mais aussi thriller, romance et politique).
 
 

Le film s’inscrit-il dans son époque ? Peut-on parler d’une vision de la chute du capitalisme par un pays du bloc de l’Est ?
 
L’histoire du film, cette colonie humaine à la recherche d’une nouvelle planète/humanité, est effectivement une allégorie de la recherche d’un idéal de société, à l’opposé du modèle dominant occidental.

 
De quel film s’inspire IKARIE XB 1 ? On dit qu’il inspira 2001 : l’Odyssée de l’espace, est-ce vrai ?
 
2001: l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick est effectivement souvent cité ainsi que Solaris (1972) de Andreï Tarkovski et La Planète des Singes (1968) de Franklin J. Schaffner. On peut aussi nommer, pour les robots domestiques du film, La Planète Interdite (1956) de Fred M. Wilcox.

Les fils spirituels de Ikarie XB 1 sont légion. Les effets de « maquette transparence » précèdent de plusieurs années La Guerre des étoiles (1977) de George Lucas. La rencontre avec un vaisseau abandonné a probablement influencé Alien (1979) de Ridley Scott et la contamination par la folie dans un espace confiné nous ramène à Sunshine (2007) de Danny Boyle.
 
 

Quelle est la différence entre cette version originale (Tchèque) projetée à Cannes Classics, et la version américaine qui fut largement diffusée après la sortie du film ?
 
Tout comme Godzilla (1954) de Ishirô Honda et Nausicaä de la vallée du vent (1984) de Hayao Miyazaki, le film a longtemps été connu à l’international, remonté et doublé en anglais, sous le nom de Voyage to the End of the Universe. Ce nouveau montage changeait aussi la fin du film au point d’en modifier complètement le sens.

Cette restauration, longtemps attendue, permet de revoir le film avec ses intentions initiales et une image digne de ce splendide scope en noir et blanc.

Une présentation du National Film Archive à Prague (NFA). Restauré en 4K par la National Film Archive (NFA) au Hungarian Filmlab. Numérisation à partir des négatifs caméra et son originaux préservés à la NFA.