La Vengeance aux deux Visages, les deux facettes de Marlon Brando

Photo du film One-Eyed Jacks (La Vengeance aux Deux Visages) © DR

Patrick Brion, historien du cinéma, créateur et animateur du Cinéma de Minuit sur France 3, évoque en quelques points La Vengeance aux deux Visages (1961), grand western et unique réalisation de Marlon Brando, projetée à Cannes Classics. L’acteur devenu metteur en scène joue « admirablement » sur les longueurs, à la manière de certains films japonais de l’époque.

Un film d’acteur

Sa sortie correspond à une époque où les acteurs ont une plus grande liberté d’action, les grands studios les mettent moins sous contrat. Et certains, sous l’influence de leurs agents, choisissent de s’investir financièrement et de réaliser, comme Clint Eastwood plus tard qui arrivera à tourner Bird au lieu d’un énième western… Ils se permettent aussi de changer de réalisateur, comme Kirk Douglas, producteur de Spartacus, qui a finalement choisi Stanley Kubrick.  En ce sens, La Vengeance aux deux Visages est un film d’acteur (réalisé par un acteur) typique, et masochiste, car pour un acteur, la tragédie est plus porteuse que la comédie.

Marlon Brando réalisateur     

Sam Peckinpah signe un premier scénario inspiré du mythe de Billy the Kid, mais Brando refuse d’incarner ce héros. Brando fait donc appel à Stanley Kubrick.
Kubrick refuse le scénario de Peckinpah car il juge que Billy the Kid n’est pas un héros mais un tueur. Et il a des exigences : il veut Spencer Tracy pour jouer le second rôle. Or Brando a déjà promis le rôle à un ami et renvoie donc Kubrick. L’acteur, qui a une société de production, se lance et décide finalement de réaliser lui-même le film, en plus d’y tenir le premier rôle.

Sur le tournage

Dès lors, il prend le tournage en main. Il tourne six fois plus de pellicule que prévu et le film dure huit heures ! Puis sa longueur est réduite, de 4h30, elle passe à 3h puis 1h41, celle de la version définitive projetée à Cannes Classics. Le tournage dure six mois au lieu de douze semaines et le budget dépasse largement celui qui était prévu : de deux à six millions de dollars !