Ma’Rosa, nouvelle plongée en apnée à Manille pour Brillante Mendoza

Photo du film Ma' Rosa © Center Stage Productions

Devenu incontournable dans le paysage cinématographique d’Asie du Sud-Est, le réalisateur Brillante Mendoza est de retour en Compétition à Cannes pour la première fois depuis son Prix de la mise en scène pour Kinatay en 2009. Il brigue cette année la Palme d’or avec Ma’Rosa, un drame social arraché aux ruelles de Manille.

Caméra haletante à l’épaule, réalisme quasi documentaire, représentation sans concession d’un quotidien de survie dans les bidonvilles de Manille, on retrouve dès les premières images de Ma’Rosa le style radical et novateur qui a imposé le cinéaste issu de la publicité à l’international.

Le réalisme a beau être dérangeant, il nous embarque au plus près de l’histoire de Rosa et Nestor, un couple d’épiciers – interprété par Jaclyn Rosa et Julio Diaz –  qui rallonge ses fins de mois en revendant illégalement des narcotiques. Le jour où ils sont piégés par une descente de policiers corrompus, c’est à leurs quatre enfants que revient  la responsabilité de racheter leur liberté… Difficile de ne pas penser au malaise laissé il y a sept ans par l’engrenage insoutenable de Kinatay qui portait déjà sur le milieu de la criminalité dans les bas-fonds de la capitale des Philippines.

Prolifique et engagé, le chef de file du cinéma indépendant philippin qui a réalisé douze longs métrages en dix ans, avait également présenté Taklub au Certain Regard en 2015 et Serbis en Compétition en 2008. Film après film, il dénonce les tragédies ordinaires des milieux soumis à la pauvreté, la corruption et la violence, tout en s’impliquant dans le développement du cinéma auprès des jeunes de son pays. Un investissement qui commence à porter ses fruits, puisqu’on retrouve cette année au sein de la Compétition des Courts Métrages le premier film de Raymund Ribay Guttierez, l’un des élèves de ses ateliers.