Maren Ade, fenêtre sur les fêlures relationnelles

Photo du film Toni Erdmann © Komplizen Film

Sept ans après le lumineux Everyone Else, chronique remarquée sur la fragilité du couple, la cinéaste allemande se penche à nouveau sur les fissures encombrant les relations humaines dans Toni Erdmann, son troisième long métrage.

Un couple de trentenaires dont la flamme s’essouffle irrémédiablement ; deux corps qui s'étreignent puis se repoussent jusqu'à la rupture, sous le soleil de Sardaigne. En 2008, Maren Ade livrait avec Everyone Else, Grand prix du jury à Berlin, un film solaire, d'une infinie justesse sur la fragilité de la relation amoureuse.

Confirmant la vitalité d'un cinéma d'auteur allemand en plein renouveau depuis le début des années 2000, le long métrage soulignait le style naturaliste de cette réalisatrice issue de l'école de cinéma de Munich, où elle a étudié la production.

Comme celui de ses modèles revendiqués – Fassbinder, Bergman ou encore Cassavetes -, le cinéma de Maren Ade s'appuie sur une narration sobre mais précise, qui octroie une place prépondérante aux personnages. Elle se plaît à creuser leurs émotions et leurs échanges, parfois fouillés jusqu'à la caricature.

La cinéaste – qui a produit les films de plusieurs de ses pairs (Hotel Very Welcome, de Sonja Heiss, en 2007 et La Maladie du Sommeil, d'Ulrich Köhler, en 2010) – a pour habitude de placer ses acteurs, auxquels elle laisse une grande de liberté d'interprétation, au centre de son processus de travail.

Préoccupations existentialistes

« Mes histoires sont peut-être ancrées dans la réalité, mais mon but est avant tout de faire de l'art dramatique. J'aime aussi exagérer la réalité », affirme-t-elle.

Les cassures qui déstabilisent les relations humaines, abordées dans Everyone Else au travers d'un couple battant de l'aile, aiguillent la réflexion de Maren Ade depuis ses débuts derrière la caméra. Dans Toni Erdmann, la cinéaste renoue avec ses préoccupations existentialistes en abordant cette fois avec humour la question du bonheur et du sens de la vie.

Le film chronique les retrouvailles surprises mais troublantes entre Ines, une consultante officiant à Bucarest dans la filière du pétrole, et son père, un homme facétieux et encombrant dont elle a honte.