Masculin Féminin, Godard à la croisée des chemins

Phot du film Masculin féminin © DR

Onzième long métrage de Jean-Luc Godard, Masculin Féminin (1966) est aussi celui du renouveau pour le cinéaste : il filme avec un regard novateur, mêlant analyse sociologique et fiction, la jeunesse d’une France en plein bouleversement urbanistique et idéologique.

Lorsqu’en 1965, Jean-Luc Godard entreprend la réalisation de Masculin Féminin, il vient de boucler six années de travail ininterrompu, durant lesquelles il a réalisé dix longs métrages. Conscient qu’il doit faire évoluer son cinéma, l’auteur de Pierrot le Fou (1965) souhaite s’entourer pour ce nouveau film d’une équipe renouvelée.

Bouleversant ses habitudes, il change de producteur et confie la photographie de son projet à Willy Kurant, écartant temporairement Raoul Coutard, son chef opérateur fétiche. D’un point de vue cinématographique, le réalisateur souhaite repartir de l’essence la plus brute du cinéma, le documentaire, pour observer une société française en pleine mutation sociale et de mœurs.

D’aspect très sombre, doté d’un noir et blanc à l’état brut, le film capte les mutations de langage et s’aventure dans les lieux communs de Paris pour poser un regard cinématographique neuf, frôlant l’enquête sociologique. Autre originalité : la trame de Masculin Féminin a été divisée par Godard au moyen de quinze cartons qui, comme au temps du cinéma muet, relient les séquences.

À l’époque du tournage du long métrage, Godard vient d’avoir 35 ans et se sent en décalage avec la nouvelle génération. Pour mieux la comprendre, il décide d’aller à sa rencontre pour identifier ses aspirations politiques et sexuelles. Mais il a besoin pour cela de confier le rôle-titre du film à un acteur qui saura combler à l'écran cet écart générationnel : ce sera Jean-Pierre Léaud, héros turbulent des 400 coups, de François Truffaut.

Le scénario de Masculin Féminin a été très librement inspiré de deux nouvelles de Guy de Maupassant, intitulées La Femme de Paul et Le Signe. Parce qu’il aborde notamment des problématiques liées à la sexualité telles que le plaisir, la prostitution ou l’avortement, le film a été interdit au moins de 18 ans lors de sa sortie en salles.

Une présentation de Argos Films et de TAMASA. Numérisation et restauration 2K à partir du négatif original par Eclair, étalonnage supervisé par le directeur de la photographie Willy Kurant. Restauration son à partir du négatif son par L.E. Diapason.