Rencontre avec Kirsten Dunst, membre du Jury des Longs Métrages

Kirsten Dunst - Membre du Jury des Longs Métrages © Dominique Charriau / Getty Images

Kirsten Dunst débute dans le cinéma à l’âge de sept ans, sous la direction de Woody Allen et Brian De Palma. Dix ans plus tard, le talent de la jolie blonde éclate dans The Virgin Suicide, de Sofia Coppola, qui deviendra son amie et sa confidente. Dans la foulée de la trilogie Spiderman (2002-2007), de Sam Raimi, elle décroche en 2011, à 29 ans, le Prix d’interprétation féminine à Cannes pour son rôle dans Melancholia, de Lars Von Trier. Depuis, les cinéphiles l’ont retrouvée chez Walter Salles et, plus récemment, chez Jeff Nichols. La pétillante américaine s’est prêtée au jeu d’un entretien décalé.

Dans quel long métrage de votre filmographie auriez-vous aimé vivre ?

C’est une question difficile car en général, quand vous avez terminé de tourner un film, vous n’avez qu’une envie, c’est de vous en échapper ! En tout cas, ce ne serait certainement pas Melancholia ! L’univers de The Virgin Suicides était également tellement triste… Qui aurait envie de vivre dans une maison à l’atmosphère aussi oppressante, aux côtés d’une mère aussi horrible et d’un père si lâche ?

Vous avez effectivement tourné des films plus joyeux !

Oui. Je choisirais Les Quatre Filles du Docteur March (Little Women, 1994), un long métrage de Gillian Armstrong avec Susan Sarandon, Winona Ryder et Clare Daines, dans lequel j’ai joué il y a plus de vingt ans. Je pense que la vie y serait plus facile et plus agréable. Dans ce film, j’avais plusieurs grandes sœurs, une maison douillette, et je devais épouser Christian Bale !

Avec lequel des personnages que vous avez interprété ou côtoyé accepteriez-vous d’aller au bout du monde ?

Spiderman !

Quel film inavouable tenez-vous pour référence absolue ?

Je n’ai honte d’aucun des films que j’apprécie et de manière générale, je n’ai pas de plaisirs coupables. Chaque long métrage a ses raisons d’exister, même une comédie romantique ! C’est mon humeur qui guide mes choix. En général, j’aime visionner des comédies romantiques lorsque je suis seule. Dans ces cas-là, je choisi la dernière à l’affiche.

Quel genre de cinéphile êtes-vous ?

Je vais beaucoup au cinéma, mais je n’y suis jamais allée de façon aussi dense que cette année à Cannes ! Cela faisait longtemps que je n’étais pas allée dans une salle obscure sans un pot de pop-corn, un hot dog ou un soda ! Ici, tout ce qu’on peut emporter, ce sont quelques chocolats à la menthe et de l’eau.

À quel cinéaste avec qui vous avez tourné proposeriez-vous un tour du monde ?

Sofia Coppola, sans hésiter ! Parce que c’est elle qui a le plus de goût parmi tous ceux que j’ai côtoyés. On passerait ensemble les meilleures vacances qui soient, à goûter les plats les plus délicieux, à boire le meilleur rosé et le meilleur champagne !

À quel point a-t-elle influencé votre travail ?

Elle m’a surtout influencée en tant que femme. The Virgin Suicide était le premier film dans lequel j’avais le droit d’être sexy. On ne m’avait jamais filmée de cette manière auparavant. Elle m’a décrite avec tant de beauté et de classe… Elle m’a donné l’opportunité de grandir, à travers ce film, en tant que femme, sans que cette étape ne soit désagréable.

« J’essaye de choisir des rôles dans des films que je n’aurais pas envie de voir »

Quel film de votre parcours décrit le mieux votre carrière ?

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai immédiatement pensé à Entretien avec un Vampire ! (Neil Jordan, 1994). Plus sérieusement, il est difficile d’être clairvoyant à propos de soi-même et de se juger… Je crois que les autres y parviennent toujours mieux. Je choisis énormément de scénarios à l’univers assez mélancolique, qui portent en eux quelque chose d’étrange. J’essaye de choisir des rôles dans des films que je n’aurais pas envie de voir. J’adorerais par exemple tourner dans un western.

Quelle bande originale de votre filmographie emporteriez-vous sur une île déserte ?

Cette question m’amène évidemment à penser aux films de Sofia (Coppola) car elle attache beaucoup d’importance à la musique. La bande-originale de The Virgin Suicide est géniale et j’adore Air. Mais sur une île déserte, j’aurais envie de bouger, de danser, et je crois donc que je choisirais celle Marie-Antoinette (1999), qui est plus variée.

Si vous pouviez dîner avec une actrice que vous admirez, qui choisiriez-vous ?

Je suis chanceuse car j’ai déjà dîné avec tellement d’actrices fantastiques ! Charlotte Rampling, Juliette Binoche… mais j’aimerais beaucoup dîner avec Gena Rowlands. C’est mon actrice préférée ! Je l’ai adorée dans tous les films de Cassavetes. Elle m’inspire beaucoup. Elle n’a peur de rien et pour moi, c’est la définition même du métier d'actrice. J’aime avoir la sensation qu’une comédienne ne joue pas. Et c’est l’impression que me donne Gena Rowlands.

La réalisation, ça vous tente ?

C’est en cours ! Je vais tourner mon premier film l’année prochaine mais je ne peux pas en dire davantage car les détails seront annoncés après le Festival de Cannes.

Avec quel membre du jury fonderiez-vous une revue de cinéma ?

Probablement avec Valeria (Golino) et Vanessa (Paradis), pour constituer une rédaction de critiques exclusivement féminine !

Un mot sur votre expérience de jurée ?

C’est l’une des plus belles expériences qui m’ait été donnée de vivre. J’ai passé de très bons moments, avec des gens extraordinaires. C’est très émouvant d’y repenser. Tout le monde avait le sens de l’humour, surtout Donald (Sutherland) !