Rendez-vous avec Stefano Mordini pour Pericle il Nero

Photo du film Pericle il nero (Péricles) © Pietro Bruni

Septième long métrage de Stefano Mordini, Pericle il Nero narre la fuite de Périclès, un ancien membre de la mafia napolitaine forcé à l’exil après le meurtre, lors d’une mission, d’une femme appartenant au clan ennemi.

Racontez-nous la genèse de votre film…

Tout a débuté il y a trois ans. Riccardo Scamarcio et moi réfléchissions à un film à réaliser ensemble. Il m'a demandé de lire à nouveau une nouvelle intitulée "Pericle il Nero", un ouvrage que nous avions tous deux adoré. J'avais gardé ce livre dans un coin de ma tête, alors même qu'il avait été publié en Italie il y a plusieurs années, en 1993.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette nouvelle ?

J'ai immédiatement été fasciné par le personnage de Pericle. Par son immoralité, son sens très primitif de ce qu'est l'existence, mais également par la forme de douceur qui l'anime, en dépit de sa manière dure d'appréhender la vie. J'ai cherché dans le livre une trame narrative et j'ai trouvé, avec l'histoire de Pericle, celle d'un orphelin à la recherche d'une famille. Curieusement, c'est une thématique qui m'a préoccupé depuis mon premier film.

Quel genre de film aviez-vous en tête ?

J'avais envie de tourner un film de genre, un film noir, mais avec une criminalité dans toute sa misère, sans héroisme, sans que personne ne puisse gagner quoique ce soit de cette violence. J'aime penser, à propos de Pericle il Nero, qu'il s'agit d'un film noir existentialiste.

« Du point de vue de la création, le cinéma italien va bien. »

Quelques mots sur vos interprètes ?

Riccardo Scamarcio n'est pas seulement un acteur de talent. Il vit et respire le cinéma. Il sait comment lire, comprendre et tirer le meilleur d'un film. C'est ce qu'on appelle le talent. Marina Foïs a été façonnée dans le même moule, comme lui, elle n'a jamais peur. Elle sait écouter son corps et manier l’ironie, ce qui est très important au cinéma. Maria Luisa Santella, Gigio Morra et Lucia Ragni viennent d'une école différente, qui considère le texte comme sacro-saint. Ils apprennent le script par coeur, ligne par ligne, et en retranscrivent le moindre caractère. C'est leur manière de donner de l'importance aux mots et de se les approprier.

Quel regard portez-vous sur l'industrie du cinéma de votre pays ?

Un changement s'opère actuellement en Italie. De nouveaux producteurs ont introduit de nouvelles pratiques qui impliquent davantage de partenaires internationaux et de télévisions. Le cinéma indépendant se serre la ceinture, mais c'est lui qui rapporte le plus de prix des festivals. L'Italie est un pays extraordinaire qui fourmille de talents dont on ne fait pas bon usage. Le cinéma italien va bien du point de vue de la création. D'un point de vue de l'industrie, il existe depuis un certain temps un clivage entre le public et la production/distribution.

Lequel ?

L'ouverture de multiplexes a déporté le public qui, avec beaucoup d'amour, se rendait dans les cinémas indépendants. L'idée devenue commune de délocaliser les cinémas des centres-villes a tué une relation singulière nouée avec les spectateurs non sans mal.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

Je travaille sur un film basé sur le livre intitulé "Le Tre Pallottole", écrit par le journaliste italien Maurizio Torrealta. Il traite de la recherche scientifique, et en particulier de la «  fusion froide  » et de son utilisation dans la recherche en armes.