Tiempo de morir, découverte d’un Neo-Western mexicain

Photo du film Tiempo de Morir © DR

Tourné à l’été 1965, le premier film du réalisateur mexicain Arturo Ripstein, présenté dans le cadre d’une Séance Spéciale à Cannes Classics, est sorti il y a 50 ans. Michel Rocher a sélectionné Tiempo de morir avec Claudia Bollain et Goytia Alba. 

Quel a été votre rôle dans le processus de restauration ?

Claudia Goytia et moi nous sommes intéressés au film il y longtemps déjà, et quand nous avons su que le producteur avait engagé un processus de restauration, nous avons commencé une démarche de négociation des droits, ce qui a eu pour effet de terminer les travaux de restauration un peu plus rapidement.

Il y a un peu plus d’un an, Alameda films a demandé à Labofilm México de faire une expertise du négatif original et il a été décidé rapidement de faire une sauvegarde sur copie master positive 35mm par immersion. Au moment où elle est reproduite, l’image du négatif passe dans un liquide (le perchloroéthylène), ce qui permet de retirer une grande partie des défauts physiques.
Ensuite, l’image positive obtenue a été scannée au format HD 2K et le laboratoire a nettoyé image par image la majeure partie des défauts pellicules restant.

Que représente ce film dans le paysage cinématographique mexicain ?

Tiempo de morir est un film oublié et très peu diffusé dans le monde.
Au Mexique, c’est devenu un classique, celui d’un auteur respecté mais aussi à part dans le système de production standard de ce pays. A mon avis, il est très représentatif d’un cinéma de combat, et s’adresse à un public à la recherche de voyages cinématographiques.
Il représente ce pays que j’aime profondément, ses multiples facettes humaines et géographiques. Ce film est une bonne représentation de l’âme mexicaine…

Peut-on parler de genre western ?

Sans aucun doute, c’est un western hors normes. Tous les codes du western sont bien là mais le Mexique est un pays où vivre comme dans un western est encore d’actualité, avec sa violence omniprésente, par les paysages, les décors naturels, et la psychologie des personnages qui, sous un masque de machisme, laissent paraître des failles et des peurs légitimes. C’est aussi un film d’auteur étonnant qui marque une transition vers une nouvelle époque du cinéma mexicain.

Tiempo de morir est inspiré d’un roman de Gabriel García Márquez, savez-vous quel fut son degré d’implication dans l’écriture du scénario ?

Le script original El charro (Le cowboy) a été écrit à l’origine par García Márquez pour Pedro Armendáriz, grand acteur mexicain, projet qui finalement ne se fît pas. Il arriva finalement entre les mains d’Alfredo Ripstein, le père du réalisateur.
Alfredo voulait que son fils tourne un western, genre qui avait été très à la mode au Mexique. Pour marquer son territoire vis à vis du père, producteur prolifique de cette époque, Arturo Ripstein a fait de Tiempo de morir un film inclassable avec tous les codes du western mais sans en respecter les conventions. Le film est enrichi de dialogues brillants et d’une photographie d’Alex Phillips, un des deux grands directeurs de la photographie de cette époque avec Gabriel Figueroa.