Barbet Schroeder signe le dernier volet de sa trilogie du mal avec Le Vénérable W.

Photo du film Le Vénérable W. © DR

Après avoir été convié à Cannes pour Général Idi Amin Dada (1974), L’avocat de la terreur (2007) et plus récemment Amnesia (2015), Barbet Schroeder renoue avec le thème du mal dans Le Vénérable W., un documentaire qui expose le racisme quotidien que subissent les musulmans en Birmanie. Projection en Séance Spéciale.

Le Vénérable W. nous plonge au cœur de la société birmane où règnent racisme, islamophobie et discours haineux au sein d’une population à 90% bouddhiste, une religion pourtant fondée sur un mode de vie pacifique, tolérant et non-violent.

Dans la lignée de Général Idi Amin Dada, qui dresse le portrait du dictateur ougandais et de L’Avocat de la terreur, un film sur Jacques Verges, Le Vénérable W. s’intéresse à la question d’un possible génocide, le premier du 21e siècle, à travers la figure de Wirathu, un moine bouddhiste très influent. Le même point de départ est à l’origine de ces projets : « il s’agit de rencontrer, en les faisant parler sans les juger, des personnages au travers desquels le mal peut s’incarner sous différents visages et en laissant l’horreur ou la vérité s’installer d’elles-mêmes petit à petit », indique Barbet Schroeder. Le cinéaste a également fait intervenir les points de vue de deux moines bouddhistes de la même génération que Wirathu, emprisonnés à plusieurs reprises et opposés à son idéologie et dont les témoignages révèlent les outrances cachées et calculées du moine.

Une fois sur place j’ai donc compris que nous avions beaucoup à apprendre des bouddhistes extrémistes. Les “axes du mal” et les populismes n’ont pas de frontières…

Le réalisateur qui porte un intérêt particulier aux personnages ambigus et controversés, clôt ainsi la trilogie du mal avec ce troisième volet, un projet qui « l’obsédait depuis longtemps » souligne-t-il.