Becoming Cary Grant, interview de Christian Popp

Photo du film Becoming Cary Grant (Cary Grant - de l'autre côté du miroir) © alizé production

L’enfance malheureuse de Cary Grant, né Archibald Leach, rythme en partie le documentaire Becoming Cary Grant (Cary Grant – de l’autre côté du miroir) présenté à Cannes Classics, sur l’un des plus grands artistes de l’histoire du cinéma. Interview de Christian Popp, coproducteur.

Vous produisez des documentaires éclectiques, cette fois pourquoi vous être intéressé à Cary Grant ?

La seule ligne éditoriale que nous nous imposons à YUZU Productions est la qualité de nos films. Ce qui compte est l’approche artistique, la profondeur de réflexion du réalisateur. Nous ne nous imposons pas de genres, même si les envies et les parcours de Fabrice Estève et moi-même, les deux producteurs, se reflètent dans nos choix. L’idée de faire un film sur Cary Grant est cependant venue de Nick Ware, producteur anglais vivant en France et grand fan de l’acteur. Nous avons approché ensemble le réalisateur Mark Kidel qui s’est merveilleusement approprié la biographie de Grant et en a fait un film très personnel, unique.

 

Le documentaire se penche sur une facette méconnue de l'acteur, qui déclarait parfois "Tout le monde veut être Cary Grant, même moi !" Que restait-il de l'Archie Leach de Bristol dans Cary Grant ?

Archie Leach a toujours été là, c’est ce que le film montre. On l’aperçoit à l’écran, dans le jeu de Grant, très différent des acteurs hollywoodiens de l’époque qui incarnaient des «gentlemen» aristocratiques et, somme toute, lointains. Chez Cary Grant, transparaissent, au travers de sa sophistication et de son élégance, ses origines modestes. Mais Archie ne fait pas qu’habiter Cary, il le hante aussi, surtout dans la blessure qu’à constitué pour lui son abandon par sa mère. Le film décrit un retour en arrière, celui de Cary qui redécouvre en lui-même Archie – et l’accepte.

 

Comment ont été choisies les images du documentaire ?

Au début nous ne connaissions qu’une infime partie des images filmées par Cary Grant. Les rencontres avec la dernière épouse de l’acteur, Barbara et avec sa fille Jennifer ont été déterminantes. Grâce à elles nous avons pu découvrir l’homme derrière la caméra : Un Cary Grant qui, à travers son regard sur le monde, nous donne à voir son inconscient. Ces images 8 et 16 mm ont été un cadeau inouï.

Dès le départ nous savions que beaucoup de films de fiction avec Cary Grant racontaient aussi l’homme qu'il était : Hitchcock, Cukor, Hawks ont su tirer profit admirablement de la personnalité ambiguë de l’acteur. Si dans ces films il joue des personnages fictifs, le choix de ces rôles par Grant et leur interprétation en disent long sur l’acteur. C’est ce que révèlent dans le film le biographe Mark Glancy et l’historien du cinéma David Thompson. Mark Kidel et son monteur Cyril Leuthy ont travaillé avec ce matériau foisonnant pour approcher l’homme au plus près, devant et derrière la caméra.

 

Quelques proches de l'acteur s'expriment dans le film, notamment sa fille. A-t-il été difficile de recueillir ces témoignages ?

On ne peut réaliser et produire un documentaire qui pénètre dans l’intimité d’une star comme Cary Grant et ne cache pas la fragilité de l’homme, sans avoir la confiance de son entourage. Il a fallu les convaincre de la nécessité de faire ce film – un film avec un point de vue nouveau sur l’acteur – mais la persévérance a porté ses fruits.