Chuva é cantoria na aldeia dos mortos, les regards de João Salaviza et Renée Nader Messora

Photo du film Chuva é cantoria na aldeia dos mortos (Les Morts et les autres) © DR

Le réalisateur portugais João Salaviza et la réalisatrice brésilienne Renée Nader Messora partent à la rencontre de la communauté indigène Krahô dans Chuva é cantoria na aldeia dos mortos (La mort et les autres). Le film, qui expose la dure réalité d’un jeune indigène brésilien confronté à la culture urbaine après s’être évadé de son village, est présenté à Un Certain Regard.

Racontez-nous la genèse de votre film.

L’origine du film remonte à 2009, quand Renée s’est rendue pour la première fois à Pedra Branca, le plus grand village de la communauté indigène Krahô, situé au nord du Brésil. Lors de nos déplacements, nous avons fait la connaissance d’un collectif de jeunes cinéastes indigènes avec qui nous avons collaboré. Le film est inspiré par l’histoire d’un de ces réalisateurs, lorsqu’il s’est échappé de son village pour rejoindre la ville.

Quelle était l’ambiance sur le tournage ?

Nous avons vécu dans ce village pendant 9 mois pour tourner le film. Aucune équipe technique ne nous a accompagnés mais nous avons été soutenus par toute cette grande communauté Krahô. C’était essentiel pour nous de reconnaître que notre film en lui-même n’était pas plus important que la vie quotidienne du village à laquelle nous avons assisté. Nous avons pris le temps de nous imprégner de la culture, de faire des promenades de deux heures sur la rivière, de nous asseoir et d’attendre la lumière parfaite qui composerait chaque séquence. Ces moments ont parfois été interrompus par la pluie, l’arrivée d’un serpent ou encore par la nuit mais ça ne nous faisait rien, nous reportions simplement le tournage. C’est pourquoi tout s’est déroulé très lentement. 

Qu’avez-vous appris au cours de la réalisation de votre film ?

Nous nous sommes rendu compte que réaliser un film ne peut pas se faire indépendamment des évènements courants de la vie. En filmant le quotidien de ces individus, nous avons pris conscience que notre routine de cinéaste était en train de coexister avec celle des villageois.

Que pensez-vous de l’industrie du cinéma au Portugal et au Brésil ?

Il y a des points de vue très intéressants au Brésil et au Portugal. Les deux pays sont marqués par l’héritage de réalisateurs résistants, qui se sont battus pour un cinéma libre et indépendant. Cependant, ce type de cinéma est menacé et attaqué par les forces politiques et économiques qui y règnent.