Dogman, chiennes de vie en banlieue romaine

Photo du film Dogman © DR

 

Récompensé à double reprise du Grand Prix du Jury (Reality, 2012, Gomorra, 2008), le réalisateur italien Matteo Garrone transfigure, pour son quatrième film en Compétition, un fait divers brutal qui secoua l’Italie des années 1980. L’histoire de Dogman découle de la cruelle relation nouée par les deux protagonistes, un homme qui perd son innocence et un repris de justice sans foi ni loi, dans une triste banlieue romaine.

De la mafia avec Gomorra (2008) aux fables avec Il racconto dei racconti (Tale of Tales, 2015), Matteo Garrone touche à tout. Naviguant entre réalisme et fantastique, le cinéaste revendique le mélange des genres. Rien d’étonnant donc à le voir jongler de l’allégorie d’Il racconto dei racconti à l’hyperréalisme de Dogman, explosion d’une vengeance bestiale résultant d’une étrange amitié. Dans cette banlieue reculée de Rome où prime la loi du plus fort, le lien qui unit Marcello, modeste toiletteur pour chiens et Simoncino, boxeur inquiétant sorti de prison, conduira à un drame.

 

Matteo Garrone pétrit lentement ce fait divers survenu en 1988, fait lever les tensions, pour obtenir un résultat digéré et réinterprété, plus retenu que le véritable événement avec lequel il prend ses distances. Indépendamment de la violence du propos, le film nous place, pour le cinéaste, « face à quelque chose qui nous concerne tous », et traite des « conséquences des choix que nous faisons quotidiennement pour survivre, de l’écart entre ce que nous sommes et ce que nous pensons être ».

Après le casting international d’Il racconto dei racconti, Matteo Garrone opère un retour aux sources et tourne avec des interprètes italiens, dont Marcello Fonte au visage antique (Marcello), ou le puissant acteur Edoardo Pesce (Simoncino), vu dans Fortunata de Sergio Castellitto en 2017. Une première collaboration avec le réalisateur pour chacun de ces comédiens. Le film sortira en salles en France le 11 juillet.