Filmworker, en coulisses avec Stanley Kubrick

Photo du film Filmworker © alizé production

Durant vingt-cinq ans, l’acteur britannique Leon Vitali a été l’homme à tout faire et l’ami de Stanley Kubrick, abandonnant pour lui une carrière prometteuse dont le bref point d’orgue fut le rôle de Lord Bullingdon dans Barry Lyndon (1975). Dans le passionnant Filmworker, le cinéaste Tony Zierra raconte quel rôle crucial a joué celui qui a tout sacrifié pour l’œuvre de l’auteur de 2001, L’Odyssée de l’Espace.

Comment ce film a germé dans votre esprit ?

Leon Vitali, dont j’avais relevé l’importance dans l’entourage direct de Kubrick, m’intriguait depuis des années. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois au moment de la production de SK13, un documentaire exhaustif sur Stanley Kubrick, projet dont le tournage est terminé et qui doit être monté. Après avoir visionné les heures d’entretiens tournés avec Leon, je me suis intéressé à son parcours unique, qui n’avait jamais été raconté, et à son travail d’assistant de Stanley Kubrick.

Avec quel but avez-vous amorcé ce projet ?

J’avais envie de comprendre pourquoi cet acteur, qui avait obtenu la reconnaissance internationale très jeune, avait un jour décidé de tout laisser tomber pour devenir l’assistant de Stanley Kubrick. L’opportunité d’acquérir davantage de connaissances sur le réalisateur à travers le regard de Leon m’a également séduit. J’imaginais que cette approche me donnerait à voir un nouvel aperçu de l’intensité du processus créatif de Stanley Kubrick. Mais aussi de la quantité de travail titanesque que ce maître brillant à l’exigence insatiable imposait à ses collaborateurs pour réaliser ses films.

Quels liens entretenaient-ils ?

Kubrick et Leon entretenaient des rapports riches, profonds et complexes. Ces rapports ont évolué au fil des années, devenant de plus en plus créatifs mais aussi extrêmement exigeants. J’ai découvert que se dévouer à Stanley Kubrick signifiait abandonner beaucoup de choses. Surtout pour un acteur qui avait pris la décision d’abandonner glamour et carrière pour s’adonner à un travail éreintant mais nécessaire. Leurs liens étaient très forts, basés sur un dévouement sans limites à la réalisation continuelle d’un grand cinéma.

Quel rôle a joué Leon Vitali dans le travail de Stanley Kubrick ?

Le rôle de Leon s’étendait à tant de domaines… On attendait de lui qu’il soit disponible à toute heure du jour et de la nuit. Stanley Kubrick lui confiait un nombre incalculable de tâches et de responsabilités. C’était sans fin. Leon est aussi un artiste, rappelons-le, et Kubrick était très touché par sa sensibilité et son travail d’acteur. Kubrick s’est servi de Leon comme d’un assistant mais aussi comme d’un outil de perfectionnement créatif. Le voyage de Leon avec Stanley Kubrick a débuté par la recherche du jeune acteur qui interpréterait Danny dans The Shining. A partir de ce moment-là, la charge de travail que lui assignait Kubrick n’a cessé d’augmenter. Si les apports de Leon étaient inestimables, il n’a jamais été à l’aise avec l’idée de revendiquer tout ce qu’ils ont pu apporter à l’œuvre de Kubrick.

A quelles difficultés avez-vous été confronté dans la realisation de ce film ?

L’une des plus grosses difficultés pour ce film a été de concilier à l’écran la vie de Leon et sa relation personnelle et professionnelle avec Kubrick, avant et après sa mort. Nous avons finalement décidé que dans le film, Stanley Kubrick serait un personnage de la vie de Leon, et non l’inverse.