Gilles Grangier, une certaine idée du polar

Photo du film 125 Rue Montmartre © Coll. Fondation Jérôme Seydoux-Pathé – 125 rue Montmartre – 1959 – GILLES GRANGIER - PATHE FILMS

Dans 125 rue Montmartre, Gilles Grangier embarque Lino Ventura dans un polar social qui décrit avec finesse le Paris populaire de la fin des années 1950.

Pascal (Lino Ventura) est un crieur de journaux taciturne qui mène une existence tranquille à Paris entre son travail, ses rendez-vous au bistrot du coin et ses nuits dans les bras de sa maîtresse. Un jour, il sauve de la noyade Didier (Robert Hirsch), un inconnu qui va l'entraîner dans une sombre affaire de crime.

Gilles Grangier a déjà réalisé trente-quatre films – en seize ans de carrière – lorsqu'en 1959, il s'attelle à l'adaptation de 125 rue Montmartre, un roman d'André Gillois paru la même année et auréolé d’un large succès critique. Alors que s’annonce la Nouvelle Vague, le prolifique cinéaste est au cœur de l’une des périodes phares de sa filmographie, dédiée au film noir.

« J’ai toujours été attaché à ça. Il faut qu’on comprenne comment les gars vivent, comment ils bouffent, comment ils baisent ».

Au-delà de retranscrire fidèlement l'intrigue policière, l'ambition de Grangier est de rendre compte, sans misérabilisme, de l’atmosphère du Paris populaire des vendeurs de journaux. À cet effet, les décors du long métrage et sa galerie de personnages secondaires ont été fouillés dans les moindres détails. Ciselés par Michel Audiard, les dialogues du film viennent appuyer l’adaptation vivante et rythmée imaginée par le cinéaste.

Pour 125 rue Montmartre, Gilles Grangier s’écarte de l’influence américaine sur le genre et épouse les préceptes du polar à la française, où chacune des étapes de la réalisation, de la mise en scène au montage, sont pensées avec la même minutie. Ce film humaniste, éclipsé à sa sortie par l’éclosion de la Nouvelle Vague, est magistralement porté par Robert Hirsch et Lino Ventura, qui profite de ce rôle de bourru au cœur tendre pour casser son image d'éternel bagarreur.

Une présentation de Pathé. Scan 4K et restauration 2K, d’après les négatifs originaux safety (un négatif image, un marron, un négatif son optique). Travaux effectués par le laboratoire Éclair pour la partie image et L.E. Diapason (Léon Rousseau) pour la partie son. Restauration avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).