Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles auscultent les clivages sociaux du Brésil dans Bacurau

Bacurau, 2019 © DR

Après Aquarius en 2016, une réflexion sur les conflits de valeurs entre générations au Brésil, le réalisateur Kleber Mendonça Filho revient en Compétition avec Bacurau, son troisième long métrage, coréalisé avec Juliano Dornelles. Le film, à mi-chemin entre la science-fiction et le western, révèle les contradictions sociales d’un pays à travers le quotidien des habitants d’une région isolée du Nordeste. 

Avec Bacurau, Kleber Mendonça Filho s’éloigne pour la première fois de sa ville natale Recife et s’accompagne de son chef décorateur, Juliano Dornelles, pour explorer la région isolée et pauvre de Sertao do Serido, où les difficultés à vivre de la terre ont historiquement produit des inégalités. Situé dans un futur proche, où l’archaïque et l’hypermoderne se confondent, le film raconte l’histoire des résidents de Bacurau, qui viennent de perdre leur matriarche, Carmelita, décédée à 94 ans. En plein deuil, les habitants réalisent que leur village a soudainement disparu de la carte. 

Bacurau est un mot fort qui évoque le mystère de quelque chose qui est là, vivant, dans le noir, mais que personne ne voit.

Imprégné des questions socio-historiques du Brésil, Bacurau est le fruit des observations et de l’agacement des réalisateurs, qui ont fait le choix de « surprendre en montrant des personnes de cet autre monde pauvre et isolé qui se vengent de ceux qui les ont toujours vues comme simples, marrantes, fragiles, alors qu’elles sont tout aussi complexes et intéressantes », souligne Juliano Dornelles. 

En dressant le portrait de cette communauté reculée du pays, Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles livrent une réflexion sur la notion d’identité, sur le rapport à l’autre, aux frontières et sur l’accès, pour tous, aux droits à la santé et à la sécurité. Un questionnement qui résonne avec force dans le contexte politique actuel du Brésil.