L’amour fugace de Claude Lanzmann

Photo du film Napalm © DR

Quand l’auteur de Shoah (1985) nous parle d’une idylle, elle se révèle insolite. Juste après la Guerre de Corée, alors qu’il est le membre français d’une délégation d’Europe de l’ouest autorisée à visiter Pyongyang, le réalisateur désormais nonagénaire tombe en amour devant une jeune fille de ce pays exsangue. Claude Lanzmann et la belle infirmière Kim Kun Sun, rencontrée à l’hôpital de la Croix-Rouge, n’ont qu’un seul mot en commun : « Napalm ».

Pour raconter cette histoire personnelle qui « le hante » depuis 1958, le cinéaste est retourné sur les pas de son « amour non consommé », dans la Corée décriée de l’actualité, celle qui interdit de filmer sans autorisations. Un soi-disant sujet sur le taekwondo (dont il reste quelques plans dans Napalm) et le charisme de Claude Lanzmann, certainement, firent le reste pour échapper au contrôle rapproché de la police du régime, et retrouver les lieux de ses amours. Le pont de Pyongyang, notamment, où il donna rendez-vous, il y a soixante ans de cela, à une inconnue à la poitrine brulée par le Napalm.

En relatant cette histoire dans Le Lièvre de Patagonie en 2009,  Claude Lanzmann avait réactivé ce souvenir obsédant. Mais jamais il ne pensa que cette « brève rencontre » deviendrait ce film singulier au décor figé dans les statues géantes de Kim Il-sung et Kim Jong-il. C’est chose faite, à 92 ans.

Au Festival de Cannes, Claude Lanzmann a présenté Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures (Hors Compétition, 2001), Pourquoi Israël (Cannes Classics, 2007), et Le Dernier des injustes (Hors Compétition, 2013).