La Cordillera, rendez-vous avec Santiago Mitre

Photo du film La Cordillera © Diego Araya

Un sommet rassemble les chefs d’état latino-américains dans un hôtel isolé de la Cordillère des Andes. Au Certain Regard avec La Cordillera, l’auteur argentin de Paulina (2015) explore les réactions d’un Président (Ricardo Darín) en exercice rattrapé par un scandale personnel impliquant sa fille.

Racontez-nous la genèse de votre film

Mes deux précédents films avaient déjà trait à la politique : El Estudiante était un récit d’apprentissage politique, et Paulina évoquait l’engagement politique d’une jeune femme dont la vie était bouleversée par un événement tragique. J’ai souhaité aller encore plus loin avec La Cordillera et faire le portrait d’une figure politique majeure, d’un homme dont la politique est le métier. J’avais envie de confronter sa vie publique et sa vie privée, de montrer l’homme derrière le politicien.
Par ailleurs, mon père a longtemps travaillé pour le Mercosur, et fréquenté ces sommets internationaux qui réunissent les puissants de ce monde. D’où l’idée d’inscrire le récit dans un sommet de ce type quelque part en Amérique latine. En revanche, je ne voulais pas faire un thriller politique. Avec Mariano Llinás mon coscénariste, nous avons choisi d’amener le récit vers plus d’étrangeté, d’installer un climat  proche du fantastique tout en étant ancré dans le réel.
 

Comment avez-vous choisi les décors ?

L’hôtel n’existe pas vraiment : c’est un mélange de plusieurs lieux. Seuls les extérieurs ont été tournés dans un seul et même site à 3600 mètres d’altitude au Chili. Les intérieurs ont été réalisés dans plusieurs hôtels au Chili et en Argentine. L’idée était de créer un endroit dont l’atmosphère puisse tirer le film vers l’étrange : un lieu perdu dans les hauteurs de la lointaine banlieue de Santiago du Chili quelque part dans la Cordillère des Andes.
C’était indispensable que nous puissions tourner dans les lieux mêmes de l’action, là où le vrai pouvoir s’exerce. Le bureau de Hernán Blanco est ainsi le vrai bureau présidentiel. Nous avons eu accès à la Casa Rosada une nuit entière et tout un dimanche. De même, nous avons pu tourner dans le véritable avion présidentiel.
 

Quelques mots sur vos interprètes ?

Je n’aurais jamais fait La Cordillera sans Ricardo Darín. Je lui ai proposé le rôle dès que j’ai su que je voulais faire un film dont le héros serait le président de l’Argentine. J’étais à Paris en plein mixage de Paulina quand nous en avons discuté pour la première fois. Ricardo Darín m’a alors donné son accord et j’ai commencé à écrire le scénario. Pour moi, il est le seul comédien argentin qui ait la stature et l’énergie pour interpréter un tel personnage. Il est très charismatique.
Chaque comédien qui interprète un président dans le film est une célébrité dans son pays car je voulais des comédiens qui aient des statures suffisamment importantes pour supporter le poids de tels personnages. Ce choix était plus artistique que commercial. Il s’agissait avant tout de crédibilité.
Enfin, pour le personnage du conseiller américain je cherchais un comédien qui incarne le prototype même de l’Américain et j’avais adoré le travail de Christian Slater dans la série Mister Robot. J’avais besoin d’un comédien qui puisse paraître aussi affable que machiavélique. C’était d’autant plus important qu’il n’a qu’une seule scène, mais celle-ci est déterminante dans le parcours de Blanco et dans le virage que prend le film. Nous lui avons donc envoyé le scénario et il a tout de suite accepté le rôle.