La Novia del Desierto, rendez-vous avec Cecilia Atán et Valeria Pivato

Photo du film La Novia del Desierto (La Fiancée du désert) © Mariana Bomba

Avant de signer leur premier film, Cecilia Atán et Valeria Pivato ont travaillé avec les plus grands cinéastes que l’Argentine a fait émerger ces dernières années. Elles présentent aujourd’hui au Certain Regard La Novia del Desierto (La Fiancée du désert), l’histoire de Teresa, 54 ans, dont la vie est bouleversée lorsqu’elle perd son emploi auprès d’une famille de Buenos Aires. Elle entame alors une traversée du désert argentin.

Racontez-nous la genèse de votre film.

Le point de départ de ce film, c’est l’envie de représenter à travers un personnage le sentiment de « non endroit ». Teresa est une femme de 54 ans qui a consacré sa vie au bien-être d’une famille, elle vit dans un monde « propre » mais qui en réalité ne l’est pas. Au début du film, la maison dans laquelle elle a travaillé pendant trente ans est vendue et sa vie change subitement. Le vertige et l’incertitude que cela lui provoque deviennent un moteur de changement qui la pousse à affronter le monde en quête de ses désirs.

L’atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?

En Argentine, la région de Cuyo où nous avons tourné est l’une des plus sèches du pays. Notre budget était réduit et nous étions préoccupés par une séquence en particulier, sous la pluie. Finalement, pendant le jour de tournage, l’impossible est arrivé : il a commencé à pleuvoir à torrents sur San Juan à la surprise des habitants. La tempête a duré deux jours et bien que nous ayons dû interrompre le tournage, les scènes sous la pluie (avec des couleurs brillantes et de grandes flaques d’eau) sont réelles dans le film. Ça a été le premier d’une série de miracles.

Qu’avez-vous appris durant la réalisation de ce film ?

Le mode de production du film a été difficile. On avait des aspirations créatives en dehors de nos moyens mais cet obstacle s’est transformé en force. Un film est une œuvre vivante et transformer les limites en défis est fondamental dans tout processus de création.

Vos sources d’influence ?

Nous avions toutes les deux beaucoup travaillé dans les équipes de grands réalisateurs et en avons tirés différentes manières de franchir les obstacles. Quand on réfléchit à nos influences, nous pensons que les tournages précédents ont été des lieux d’apprentissage auprès de créateurs tels que Pablo Trapero, Juan Campanella, Christopher Hampton, Juan Solanas entre autres. On a également été influencées par des réalisateurs étrangers que l’on connait en tant que spectatrices.

Quel regard portez-vous sur le cinéma de votre pays ?

Le contexte en Argentine a permis à beaucoup de gens de notre génération de faire des films, en particulier l’Institut national du cinéma et des arts audiovisuels. C’est possible depuis quelques décennies, depuis la démocratisation du cinéma et grâce aux soutiens. Bien que ce dernier mois le monde audiovisuel argentin soit traversé par des questions politiques, notre génération peut accéder à tout un plan de financement qui est un modèle pour d’autres industries dans le monde. L’étendue et la diversité du cinéma argentin aujourd’hui nous permettent de faire vivre différentes formes narratives et d’aider à ce que la réalité de notre pays se construise à partir d’une vision plurielle et collective.