Le cinéma social de Sergei Loznitsa

Photo du film Krotkaya (Une femme douce) © DR

Après Mon Bonheur en 2010 et Dans la Brume en 2012, le troisième film en Compétition du cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa propose une libre adaptation de la nouvelle de Dostoïevski, La Douce. Krotkaya (Une Femme Douce) suit la quête désespérée d’une femme aux traits délicats jouée par Vasilina Makovtseva, déterminée à retrouver son mari, incarcéré dans une région hostile de la Russie profonde. Interprétation solide et mélancolique d’un périple dostoïevskien.

Maïdan, son documentaire présenté en Séance Spéciale sur les événements en Ukraine s’attachait à éveiller les consciences en 2014. La même année, le film collectif Les Ponts de Sarajevo (Séance Spéciale) recueillait les points de vue de treize cinéastes de renom (dont Sergei Loznitsa), mettant un coup de projecteur sur l’histoire de la capitale bosniaque et la politique européenne depuis 1914. Au centre de sa filmographie, l’engagement rythme les réalisations du cinéaste.

 

Les histoires précieusement glanées aux confins de la Russie par celui qui fut d’abord documentariste servent ses longs métrages fictionnels. Une Femme Douce s’appuie sur une mise en scène puissante et lyrique, dans la continuité de Dans la Brume qui s’inscrivait dans une autre époque, celle de l’occupation nazie. L’odyssée dostoïevskienne de son héroïne au travers d’une Russie austère et désolée interroge à nouveau sur les opprimés, les laissés-pour-compte, une société dont la violence affleure tout au long du film.

 

En 1969, Robert Bresson proposait déjà sa propre adaptation de La Douce, un film majeur et âpre (à l’image du livre), dont l’histoire ne se déroulait pas en Russie, mais en France.