Les Intranquilles ou le couple mis à rude épreuve

Photo du film Les Intranquilles © Stenola Productions

 

Le dernier long métrage présenté en Compétition pour cette 74e édition nous vient de Belgique. Les Intranquilles, de Joachim Lafosse, est un film qui aime ses acteurs. Leïla Bekhti et Damien Bonnard y interprètent un couple en survie face à la maladie dans ce film et interrogent les limites de l’engagement amoureux.

Elle lui dit, elle lui répète : elle ne va pas tenir. Leïla a beau aimer Damien, ils ont beau former un noyau avec leur fils Amine, la vie à trois n’est pas idyllique. Car dans leur quotidien, il y a cette chose qui prend beaucoup de place : la bipolarité de Damien.

Ce n’est pas tant la maladie qui est au cœur de ce film que ses conséquences sur le lien amoureux, explique Joachim Lafosse :

« Jusqu’où peut-on soutenir quelqu’un qui va mal ? On a tous à un moment été confrontés à cette question. »

De son propre aveu, le déclencheur du malaise aurait pu être l’alcoolisme ou un cancer. Mais son expérience l’a guidé vers un sujet qu’il connaît pour y avoir été confronté : son père, photographe maniacodépressif.

Sous les traits de Damien Bonnard, le personnage est devenu peintre. L’acteur a étudié aux Beaux-arts et peint toujours. Il a brossé les toiles du film de sa main, avec l’aide de l’artiste Piet Raemdonck dont l’atelier transposé constitue l’un des décors principaux.

Leïla Bekhti a elle aussi influencé le projet de Joachim Lafosse. Là où le metteur en scène imaginait un personnage soumis à la psychose de son mari, l’actrice a apporté son interprétation, celle d’une femme forte et résistante bien que bousculée par la situation.

Cet investissement des acteurs a porté Joachim Lafosse vers un autre type de réalisation, moins maîtrisée, plus dans la confiance et l’observation, jusqu’à la dernière scène guidée au matin du dernier jour de tournage par les affects des deux protagonistes.