Nazarín de Luis Buñuel, les limites d’une foi sans faille

Photo du film Nazarín © DR

Soixante ans après avoir reçu le prix international du Festival de Cannes en 1959, le film Nazarín de Luis Buñuel (dont six films ont été présentés en Compétition à Cannes) revient à Cannes Classics en version restaurée. Dans ce film, le réalisateur mexicain dresse le portrait amer d’un religieux, sur fond de critique sociale.

Francisco Rabal (prix d’interprétation masculine du Festival pour son rôle dans Los Santos inocentes en 1984) incarne Don Nazarín, un prêtre mexicain fidèle vivant dans la pauvreté. Désavoué par l’Église après avoir recueilli chez lui Andara, une prostituée fugitive qui a commis un meurtre, le prêtre se retrouve sans domicile lorsque celle-ci met le feu chez lui. Don Nazarín va devoir quitter son ministère et errer de villages en villages, suivi contre son gré par Andara et Beatriz, une femme délaissée par son amant.

Condamné pour sa grande charité, Don Nazarín est un personnage doublement rejeté : d’une part par l’Église censée le soutenir, et d’autre part par certains villageois. Au nom de sa foi sans faille, le religieux acceptera souffrances, violences et humiliations. Ce pessimisme et cette vision critique de la religion seront présents dans d’autres œuvres de Buñuel, dont le rapport avec la religion (l’un de ses thèmes de prédilection) aura toujours été conflictuel.

Personnage incompris et complexe, Don Nazarín continue d’aider les plus démunis même quand sa propre situation devient des plus précaires. Sa quête de l’idéal et de l’exemplarité religieuse le mettra à l’épreuve tout au long du film et l’enterrera dans une profonde misère. Son honnêteté et sa bonté le condamneront à la solitude.

Nazarín est un film naturaliste et impitoyable, qui mène les spectateurs à réfléchir sur la nature humaine, sa cruauté et les limites de la religion et de la dévotion.

Une présentation de la Cineteca Nacional Mexico. Scan 3k et restauration numérique 3K à partir des éléments négatifs originaux (conservés par Televisa) et copies positives de la Cineteca pour projection numérique.