Rencontre avec Fan Bingbing, membre du Jury des Longs Métrages

Fan Bingbing, Membre du Jury des Longs Métrages © François Silvestre de Sacy /FDC

Elle fait partie des personnalités les plus influentes du monde. Actrice prolifique et productrice, Fan Bingbing mène sa carrière d’une main de maître. Elle conquiert le cœur des Chinois à partir de 1998 avec la série culte My Fair Princess, avant de briller sur grand écran et de collectionner les prix dans le monde entier. Fan Bingbing exporte son talent, dans X-Men: Days of Future Past en 2014 et plus récemment dans The Lady in the Portrait, aux côtés de Melvil Poupaud. Cannes la découvre en 2010 en Compétition dans Chongqing Blues de Xiaoshuai Wang. Elle est de retour pour le 70e anniversaire du Festival dans le Jury des Longs Métrages, présidé par Pedro Almodóvar.

Entre accompagner un film et être membre du Jury, quelle tâche est la plus intensive à Cannes ?

Si j’étais venue accompagner un film je serais plus stressée car mon travail aurait été jugé. Être membre du Jury est plus tranquille. On a la chance de pouvoir découvrir des films du monde entier et d’excellente qualité. Mes attentes et mon état d’esprit sont différents.

En tant qu’actrice et productrice, quel regard avez-vous porté sur les films en Compétition ?

J’ai vu tous ces films à travers un prisme oriental, le choc entre Orient et Occident, un troisième œil en quelque sorte. Seuls Park Chan-wook et moi venons de l’Orient. J’ai voulu me concentrer sur ce qu’il y avait de nouveau et d’intéressant dans les films sélectionnés.

Vous faites partie des personnalités les plus influentes du cinéma asiatique, une des voix les plus jeunes et fraîches. Quelle direction souhaitez-vous donner au cinéma chinois ?

L’industrie du film en Chine est en plein essor ces dernières années, il se lie au marché international. Je veux encourager davantage de jeunes et brillants réalisateurs à donner vie aux films qu’ils ont envie de montrer. Tout le monde en Chine sait que je soutiens les cinéastes qui innovent. Ils peuvent restituer de manière précise et fidèle une nouvelle vision de la Chine. Je pense qu’ils sont capables de faire évoluer l’industrie du cinéma.

Les Européens et les Américains coproduisent de plus en plus de films avec la Chine. Qu’est-ce que les uns ont à apporter aux autres ?

Je me réjouis de voir que notre industrie cinématographique attire des cinéastes du monde entier. En termes de box-office, la Chine est le deuxième plus grand marché du monde. La puissance de notre industrie retient l’attention des producteurs et des réalisateurs. C’est un nouveau départ et un nouveau défi pour nous. Cela peut nous apporter beaucoup d’expérience et d’innovations.

L’industrie du cinéma fait-elle assez de place aux femmes ?

Le monde reste tel qu’il est… Au gala du 70e anniversaire du Festival, j’ai remarqué qu’une seule femme avait remporté la Palme d’or dans l’histoire de Cannes. Ça reste une source d’inspiration pour moi, je ne le condamne pas, mais je veux prôner l’énergie des nouvelles réalisatrices. On peut afficher aux yeux du monde la voix des femmes de bien des manières.

En tant qu’actrice, avec qui rêvez-vous de travailler ?

Pedro Almodóvar, bien sûr ! Il fait partie de ces réalisateurs qui explorent le mieux les personnages féminins.