Rencontre avec Jessica Chastain, membre du Jury des Longs métrages

Jessica Chastain, Membre du Jury Longs métrages © Alberto Pizzoli / AFP

Cannes a eu l’honneur de découvrir Jessica Chastain en 2011. Elle éclate au grand jour dans le rôle de Mrs. O’Brien, une mère aimante, dans The Tree of Life de Terrence Malick. Le film repart avec la Palme d’or et la carrière de Jessica Chastain est lancée : audacieuse dans Zero Dark Thirty, touchante dans La Couleur des sentiments, intrépide dans Miss Sloane. Attendue à l’affiche de sept films, Jessica Chastain fait un détour par Cannes au sein du Jury des Longs Métrages. Elle est venue avec un message, écrit noir sur blanc sur son t-shirt : « We should all be feminists ». Rencontre avec une jurée engagée, drôle et inspirante.

Est-ce que vous dormez bien depuis que vous êtes à Cannes en tant que membre du Jury ?

Un soir, je suis allée au lit et je me suis réveillée parce que j’avais envie d’écrire dans mon journal quelques mots sur un film que j’avais vu quelques jours auparavant. Mais je dors mieux en étant dans le Jury que si j’étais venue pour représenter un film. Je suis très heureuse d’avoir plus de repos !

Les films que vous voyez vous inspirent-ils des rêves ou des cauchemars ?

Du rêve, toujours ! Chaque film en Compétition est génial. Le cinéma me permet de me plonger dans la vie de quelqu’un d’autre, me faisant rêver de ce qu’est être une autre personne.

Comment gérez-vous votre timidité dans le Jury ?

J’ai été timide le premier jour mais désormais nous sommes très proches. C’est comme une famille, on passe beaucoup de temps ensemble. Pedro est si doux et adorable, et Paolo, Park, Maren, Gabriel… Je suis dans le groupe le plus incroyable qui soit.

A ce point-là ?

Tout le monde fait preuve du plus grand respect. Il n’y a pas cette ambiance où chacun arrive et on se bat. On m’a dit que ça allait être comme ça à la fin mais je n’y crois pas. Je pense que par nos tempéraments, nous sommes très proches dans la manière de traiter les gens.

C’est écrit sur votre t-shirt, vous êtes féministe..

Vous devriez l’être aussi !

Est-ce que le cinéma laisse assez de place aux femmes ?

Non… Quiconque pense que le cinéma fait assez de place aux femmes aujourd’hui est rétrograde et ne croit pas en l’égalité des sexes.

« Il n’y a clairement pas assez d’opportunités pour les femmes dans l’industrie du film. Les festivals ne sont que le symptôme d’un problème plus important. »

Ce qui se passe, c’est qu’il n’y a pas assez de films réalisés par des femmes ou d’un point de vue féminin. Je ne le reproche pas aux festivals mais à l’industrie cinématographique.

Et vous, pourriez-vous un jour écrire un film ?

Ce n’est pas dans mes projets mais qui sait, peut-être que ça viendra à l’avenir. J’ai commencé à produire des films et ça me plaît énormément.

Quelle est votre réalisatrice préférée ?

Oh mon dieu… Je ne peux pas vraiment vous répondre parce qu’il y a en Compétition certaines de mes réalisatrices préférées. Mais je peux vous parler des autres. J’aimerais beaucoup travailler avec Andrea Arnold, elle est incroyable. J’adore Ava DuVernay. C’est dur de ne pas inclure des personnes qui sont ici ! Je peux quand même mentionner Maren Ade. J’aimerais beaucoup travailler avec elle.

A propos de votre travail d’actrice, quand vous recevez un scénario, qu’est-ce qui fait que vous décidez d’y aller ?

J’ai pas mal de cases à cocher. Dans le script, je veux avoir l’impression de n’avoir jamais déjà joué le personnage, qu’il y a quelque chose de nouveau à expérimenter qui me fera grandir en tant qu’artiste. Je m’intéresse aussi au personnage féminin en me demandant « est-ce que son rôle est bien écrit ? ». Ça peut être un rôle secondaire. Il faut que ce soit un personnage qui a sa propre construction et qui ne soit pas l’objet de l’homme. Je ne suis pas intéressée par des rôles de poupées. Les femmes dans la réalité sont bien plus intéressantes donc je veux jouer des femmes intéressantes à l’écran.

A ce jour, quel a été votre plus grand défi en tant qu’actrice ?

Je ne vois pas mon métier comme un challenge. Il m’est arrivé plusieurs fois de franchir des obstacles mais même si j’échoue, j’apprends d’autant plus. Faire la guerre est un challenge. Être dans la police est un challenge. Être actrice est une immense joie pour moi, c’est un défi dont je ne ressens jamais le poids.

Un défi pour vous : étant vegan, accepteriez-vous un rôle qui implique de manger beaucoup de viande ?

Non ! Enfin… J’accepterais le rôle d’un personnage qui devrait manger beaucoup de viande mais je mangerais quelque chose qui y ressemblerait. Tout comme si je devais jouer une toxicomane, je ne m’injecterais pas de l’héroïne dans les veines. Je ferais semblant. C’est ça qui est génial quand on est acteur !