Shôhei Imamura au pays des morts-vivants

Photo du film Narayama Bushikou (La Ballade de Narayama) © alizé production

Auréolé de la Palme d’or en 1983, Narayama Bushikô (La Ballade de Narayama) fait partie des films qui ont marqué le Festival de Cannes. Ce long métrage aux contours naturalistes, évoquant le poids des traditions ancestrales japonaises, a constitué l’un des sommets de la carrière de Shôhei Imamura, bâtisseur d'un cinéma critique et visuellement singulier.

Province du Shinshū, décennie 1860. Juchée sur le dos de Tatsuhei, son fils aîné, Orin-Yan converge lentement vers le sommet du mont Nara. La vieille dame a atteint son soixante-dixième printemps et comme l'exige la coutume ubasute, c’est là, après s’être faufilée entre les rochers enneigés d’un sentier jonché d’ossements humains, qu’elle doit rendre son dernier souffle. Au l’aube de son ultime périple vers la mort, Orin-Yan a réglé les affaires courantes. Pour ne plus être un poids pour sa famille.

Considéré comme l’un des maîtres de la Nouvelle Vague japonaise, Shôhei Imamura n’a eu de cesse de critiquer l’immobilisme de la société nippone en s'appuyant sur un cinéma froid et clinique, tendant vers la satire. Le cinéaste évoque dans ce chef-d’œuvre aride, adapté des célèbres nouvelles de Shichirô Fukazawa, de quelle manière certaines traditions profondément ancrées dans les petits villages reculés du pays ont forgé le mode de vie – en forme de sacrifice – de la frange la plus pauvre de la population.

Avant que le réalisateur ne jette son dévolu sur l’œuvre de Shichirô Fukazawa, celle-ci fut une première fois adaptée au cinéma en 1958 par Keisuke Kinoshita. Lequel a fustigé lors de sa sortie l’adaptation d'Imamura, qui s'inscrivait en totale opposition à sa version plus théâtrale et tournée à la lumière des décors d’un studio. Après ce film qui a fait date dans sa carrière, Shōhei Imamura s’est illustré une seconde fois en empochant une deuxième Palme d’or en 1997 avec Unagi (L’Anguille).

Une présentation de Toei (Japon). Scan 4K, restauration image ARRISCAN et son Golden Eye en 2K à partir du négatif 35mm original, d’un contretype et de bandes vidéo.