Valse avec les zombies

Photo du film Zombillénium © DR

Sept ans après la sortie du premier tome de Zombillénium, sa bande dessinée chroniquant avec humour le quotidien d’un parc d'attractions dont les employés sont des zombies, Arthur De Pins s’est associé au scénariste Alexis Ducord pour l’adapter à l’écran. Le duo revient sur la genèse du film, présenté dans le cadre d’une séance exceptionnelle ouverte aux enfants.

Pourquoi avoir choisi de ne pas adapter l’un des tomes de la BD ?

Arthur De Pins : Notre but était d'écrire un récit propre au film, et que ce dernier se suffise à lui-même. On a donc fait table rase des événements décrits dans les albums pour repartir de zéro. Aurélien, le héros de la BD ne collait pas. Trop passif, trop malléable… Nous avons imaginé un scénario avec un héros dont la personnalité a été façonnée par les événements du récit. C'est ainsi qu'est né Hector, père d'une petite fille qu'il ne va avoir de cesse de retrouver tout au long du film.

Alexis Ducord : Pour créer un scénario original, mais respectueux de l’univers de Zombillenium, il nous a semblé plus juste de garder tous les personnages qui font vivre le parc, mais de modifier celui qui joue le point de vue du spectateur. Nous pouvions ainsi l'adapter librement aux nouveaux thèmes que nous voulions aborder dans le film.

Le film a vu le jour après cinq années de travail…

ADP : La fabrication était répartie entre quatre studios : 2 Minutes Paris pour le développement, le design et le suivi de production, 2 Minutes Angoulême pour le modeling des personnages et le compositing, Pipangaï (La Réunion) pour l'animation et Dreamwall (Belgique) pour les décors et 30% de l’animation. Nous avons beaucoup voyagé entre ces quatre studios. En tout, plus de 200 personnes ont travaillé sur le film.

AD : Au-delà du financement et de l’écriture du scénario, la fabrication aura duré environ 2 ans. C’est le premier long métrage en 3D pour Arthur, moi et le studio. La difficulté, c’est que nous avons dû décider des différentes façons d’éclairer les personnages et les décors au tout début de la fabrication, sans pour autant avoir vu ou prévisualisé un résultat qui est arrivé un an et demi plus tard.

Graphiquement, vers quoi souhaitiez-vous vous orienter ?

ADP : Nous voulions retrouver le même graphisme que celui de la BD. Pour cela, il nous fallait une technique d'animation fluide et qui autorise beaucoup de détails visuels. Alexis et moi ne sommes pas des inconditionnels de la 3D, mais cette technique permet aussi des mouvements très lents, donc de s'éloigner d'une animation type cartoon pour davantage de réalisme.

Le film se déroule dans le département du Nord, dans une mine désaffectée. Doit-on y voir une démarche sociale ?

ADP : Absolument ! Il y a trois raison à cela : Le Nord est une terre industrielle qui évoque les grands drames sociaux des XIX et XX siècles. C'est aussi une terre de parcs d'attractions. Enfin, ses paysages brumeux et plats mettent parfaitement la silhouette du parc en valeur. Bref, il n'y avait pas de meilleur emplacement pour raconter notre lutte des classes version zombies/vampires. Lors de l'un de nos repérages photos, nous avons visité la mine de Lewarde, entre Valenciennes et Lille. C'est de cette visite qu'est née l'idée selon laquelle Zombillénium est une ancienne mine.