Rendez-vous avec Marco Bellocchio

Rendez-vous avec Marco Bellocchio © DR

 

Pendant Cannes 2021, six rencontres se dérouleront salle Buñuel avec des réalisateurs et acteurs invités à partager leur travail et leur carrière lors de rendez-vous destinés à tous les festivaliers.
 
Au programme de cette année : Bong Joon Ho, Jodie Foster, Matt Damon, Isabelle Huppert, Marco Bellocchio et Steve McQueen.

Marco Bellocchio

Jeudi 15 juillet à 15h30

À plus de 80 ans, le grand cinéaste italien, issu d’une génération exceptionnelle, présente en Sélection officielle un documentaire touchant et très personnel, Marx peut attendre et recevra une Palme d’or d’honneur lors de la Soirée de clôture, permettant au Festival de saluer sa carrière d’une richesse exceptionnelle. Éternel contestataire, auteur d’un premier film devenu un classique (Les Poings dans les poches, 1965), Marco Bellocchio, en plein tournage, a accepté ce « Rendez-vous » pour évoquer cinq décennies de cinéma, toujours en liberté.

À propos de son parcours de réalisateur :

J’ai commis quelques erreurs, mais je referais probablement exactement les mêmes si je devais tout reprendre à zéro. À 20 ans, je voulais être poète. Puis peintre, mais pour cela, il aurait fallu que j’aille à Rome et on m’a assuré que c’était une ville corrompue. Je n’ai pas voulu faire du cinéma comme Woody Allen, pour me sauver de la folie. Le cinéma est un mélange d’imagination et de réalité qu’il faut affronter à travers les autres. C’est cela qui constitue un défi qui m’a toujours passionné. Il y a évidemment des éléments répétitifs dans ce métier. Mais il faut l’accepter et faire des efforts car il est très beau et donne beaucoup de vitalité.

Sur son travail avec les acteurs :

Enfant, je voulais être acteur. Heureusement, je ne l’ai pas été et c’eut été plutôt catastrophique. Ensuite, j’ai eu la chance de faire tourner de très bons acteurs. Si on les choisit mal, c’est un problème ! Je suis quelqu’un de pacifique sur un plateau. Je n’aime pas hurler. Michel Piccoli, par exemple, avait tout de suite l’intuition du personnage et son interprétation pouvait être magistrale. Je n’avais plus rien à lui dire pendant le tournage. Mastroianni était capable de traduire une page entière rien qu’en quelques gestes. Quand un acteur ne comprend pas quelque chose, c’est peut-être aussi de la faute du réalisateur. Mais c’est beaucoup moins bien que s’il comprend tout de suite ce qu’il a à faire.

Sur son expérience avec Ennio Morricone et sur la musique de ses films : 

J’ai connu Morricone grâce à un producteur. Il a fait la musique des Poings dans les poches. À l’époque, comme une majorité de film, le son et les doublages des acteurs étaient ajoutés au montage. J’étais un peu comme un enfant face à un très grand compositeur. Il a composé une musique très originale et je l’ai acceptée. C’était quelqu’un d’extrêmement précis. Il composait pour une scène, et pas pour une autre. Et quand on passait la musique d’une scène et qu’on la plaquait sur une autre, il n’aimait pas. Les réalisateurs peuvent être égoïstes. Ils préfèrent travailler avec de jeunes compositeurs qui vont être disponibles tout au long du processus plutôt qu’avec un grand musicien qui va composer et passer à autre chose. Je connais assez peu la musique. Je crois quand même comprendre quand une suggestion musicale est appropriée pour telle ou telle scène. Il y a des cinéastes qui gardent toujours le même compositeur.

À propos de Michelangelo Antonioni et de Robert Bresson :

J’ai écrit une thèse sur la direction d’acteur d’Antonioni et Bresson. Ce dernier prenait des acteurs non professionnels à qui il demandait une mémoire absolue. Il fallait que le texte sorte de façon automatique. Antonioni avait beaucoup plus de distance, de recul face aux acteurs. Il les prenait presque comme des objets qu’il déplaçait à son gré. Il a d’ailleurs été critiqué pour ça. Certains acteurs se sont rebellés face à lui, comme Mastroianni, qui a parfois suivi sa propre voie. Ou comme Jeanne Moreau, qui a été extrêmement déçue par ses relations avec lui. Certains acteurs aiment être dirigés de près. D’autres moins.

Les rencontres ont lieu en salle Buñuel au 5e étage du Palais des festivals.Billetterie à réserver en ligne.

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