Chambre 999 : entretien avec Lubna Playoust

CHAMBRE 999 © MK Productions

Quarante ans séparent Chambre 666 et Chambre 999. Le premier, réalisé par Wim Wenders, a inspiré le second, un documentaire de Lubna Playoust. La jeune réalisatrice a invité trente réalisateurs présents à Cannes en 2022 pour leur poser la même question qu’à l’époque : « Le cinéma est-il un langage en train de se perdre ? » Entretien avec Lubna Playoust, juste avant la projection de son film à Cannes Classics.

Comment vous est venue cette idée ?
D’autres versions ont existé mais le dispositif n’était pas aussi proche. J’adore replonger dans Chambre 666, que je trouve prémonitoire, drôle, touchant et toujours pertinent. Je suis une cinéaste émergente et toutes ces questions autour de la mort du cinéma, ses systèmes de financement et de diffusion m’habitent. En 1982, il y avait un seul problème : la télé contre le cinéma. Aujourd’hui tout s’est démultiplié donc j’ai trouvé intéressant de pouvoir réinstaller ce dispositif génial et inviter des réalisateurs.

Comment est-ce que vous avez réussi à les inviter ?
On les a invités en amont ou en les rencontrant à Cannes. Je ne suis pas Wim Wenders donc forcément, j’avais un doute quant à leur participation, mais j’ai été très surprise, même un peu embêtée dans un sens, parce que beaucoup de personnalités ont adhéré. Là où Wim Wenders avait seize réalisateurs, aujourd’hui, on en a trente, parmi lesquels : Wim Wenders lui-même, James Gray, Rebecca Zlotowski, Claire Denis, Olivier Assayas, Nadav Lapid, Asghar Farhadi, Alice Rohrwacher… J’avais un peu l’impression d’être une enfant dans un parc d’attraction, malgré ma timidité.

Il était évident pour vous de reprendre le même dispositif que Wim Wenders ?
Je voulais que les images de Chambre 666 et Chambre 999 puissent être mises côte à côte, qu’on puisse les comparer et voir ce qui s’est passé en quarante ans. C’est presque un dispositif artistique. Il y a ce cadre commun met tout le monde au même niveau, qui favorise l’écoute de chacun, quelle que soit son expérience ou sa reconnaissance.

Votre avis sur le devenir du langage cinématographique ?
Je crois vraiment qu’en 1982, il y avait un pessimisme assumé. C’était une façon d’éveiller les esprits. Aujourd’hui, chacun se définit comme pessimiste ou optimiste selon sa manière d’être, de se sentir animé par cette problématique. Ce qui m’a semblé différent par rapport à 1982, c’est cette idée d’accepter que oui, quelque chose change. Il ne faut pas avoir peur de ce changement, il n’est pas nécessairement mauvais. Ce qui est certain, c’est qu’il faut continuer de pouvoir regarder ce qui a déjà été fait, défendre des langages du cinéma aussi variés soient-ils, et absolument transmettre et initier les jeunes à l’histoire du cinéma.

Comment vous sentez-vous à l’idée que Wim Wenders assiste à la projection du film ?
Je suis un peu stressée. Je suis curieuse de savoir ce qu’il va en penser et si ce qui est exprimé dans le film correspond à sa manière de voir le monde.

Discussion avec les cinéastes présents dans "Chambre 999" de Lubna Playoust

Mercredi 24 mai à 16h45
Salle de conférence de presse – 3e étage du Palais des Festivals

La réalisatrice Lubna Playoust présentera Chambre 999, en salle Agnès Varda ce mercredi 24 mai à 15h00. Le film est un recueil de témoignages de cinéastes contemporains. Cette projection sera suivie, en salle de conférence de presse à 16h45, d’une discussion avec des cinéastes présents dans le film. La rencontre sera animée par Eric Kohn de IndieWire.

Cette rencontre est disponible à la réservation sur le site de billetterie en ligne.

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