Palme d’or : les années 1990

Anna Paquin et Holly Hunter dans La Leçon de piano de Jane Campion © Miramax

 

Dans les années 90, la Sélection cannoise continue de faire dialoguer les cinémas du monde où se côtoient notamment les œuvres du hongkongais Chen Kaige, de l’iranien Abbas Kiarostami ou du grec Theo Angelopoulos. Pour la première fois, en 1993, la Palme d’or est attribuée à une femme avec La Leçon de piano de Jane Campion. En 1997, le Festival célèbre ses 50 ans d’existence et crée un prix spécial à cette occasion. La Palme des Palmes, décernée par tous les réalisateurs déjà palmés, est ainsi attribuée à Ingmar Bergman pour l’ensemble de sa carrière.

Retour sur une décennie de Palmes d’or à voir et à revoir chez vous.

Wild at Heart (Sailor et Lula) de David Lynch (1990)

 

Sailor et Lula, ou l’histoire d’un amour fou et brûlant entre deux jeunes paumés américains incarnés par Laura Dern et Nicolas Cage. Fuyant la mère de Lula qui s’oppose à leur relation, le couple se lance dans une cavale semée de rencontres inquiétantes et compose un road-movie déjanté, noir et sensuel. Pour son cinquième long métrage, David Lynch adapte un roman de Barry Gifford, avec qui il écrira plus tard le scénario de Lost Highway (1997).

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Barton Fink de Joel et Ethan Coen (1991)

 

En 1941, Barton Fink (John Turturro) est un jeune auteur de théâtre new yorkais. Encouragé par son agent, il tente sa chance à Hollywood et décroche un contrat pour écrire un film de série B sur le monde du catch. Installé dans un hôtel sinistre, il fait la rencontre d’un écrivain torturé en la personne de Charlie Meadows (John Goodman).

Avec ce quatrième long métrage, les frères Coen remportent la Palme d'or, le prix de la mise en scène et celui de l'interprétation masculine, remis à John Turturro. C'est le premier film et, suite à la polémique, le dernier à cumuler trois des distinctions principales du Palmarès.

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Den Goda viljan (Les Meilleures Intentions) de Bille August

 

Suède, 1909. Henrik Bergman est un jeune étudiant en théologie lorsqu’il tombe amoureux d'Anna, une riche héritière. La première décennie de leur liaison passionnée est marquée par l’opposition violente des parents d’Anna, entraînant de dramatiques conflits.

En 1987, Ingmar Bergman publie son autobiographie Laterna Magica. Il renoue alors avec l’histoire de ses parents en rédigeant le scénario de Les Meilleures Intentions. Pour porter à l’écran son récit familial, Ingmar Bergman « ne voyait personne d’autre que Bille August ». Pernilla August reçoit le prix d’interprétation féminine, tandis que Henrik Bergman est joué par Samuel Fröler.

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霸王別姬, Bàwáng biéjī (Adieu ma concubine) de Chen Kaige (1993)

 

Chen Kaige décrit Adieu ma concubine comme « une histoire de séduction et de trahison » qui dresse le panorama de la Chine entre 1924 à 1979. Douzi et Xiaolou sont enfants lorsqu’ils se lient d’amitié à l’académie de l’opéra de Pékin. Leur vie est dédiée à l’interprétation des rôles principaux du célèbre opéra Adieu ma concubine, alors qu’en coulisse se jouent des drames intimes influencés par la Révolution culturelle. Porté par Leslie Cheung et Gong Li, Adieu ma concubine est le premier film chinois à remporter la Palme d’or, ex aequo avec La Leçon de piano de Jane Campion.

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The Piano (La Leçon de piano) de Jane Campion (1993)

 

Au XIXe siècle, Ada MacGrath (Holly Hunter) et sa fille Flora (Anna Paquin) font le voyage d’Écosse jusqu’en Nouvelle-Zélande où les attend Alistair Stewart (Sam Neill). Celui-ci a fait venir Ada afin de l’épouser. La jeune femme ne communique que par la langue des signes et a traversé les mers avec son précieux piano. Lorsque l’instrument est acheté par leur voisin, incarné par Harvey Keytel, une relation ambiguë naît entre Ada et son maître-chanteur.

« Mes films sont des réactions à l'obsession de la société pour la normalité, sa propension à exclure les déviants », analyse Jane Campion à propos de cette histoire d’amour inspirée par le romantisme du XIXe siècle, pour laquelle Holly Hunter obtient le prix d’interprétation féminine.

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Pulp Fiction de Quentin Tarantino (1994)

 

Après son premier long métrage Reservoir Dogs (1992), Quentin Tarantino électrise la Croisette avec Pulp Fiction. « C'est une épopée dans tous les domaines, l'inventivité, l'ambition, la durée, le cadrage, tout excepté le coût. »

Trois histoires de gangsters s'enchevêtrent à Los Angeles. Il y a là un couple d’apprentis braqueurs (Tim Roth et Amanda Plummer). Deux tueurs à gages nommés Vincent Vega et Jules Winfield (John Travolta et Samuel L. Jackson) ainsi que la femme toxicomane de leur patron, Mia Wallace (Uma Thurman). Tandis que Butch (Bruce Willis) est un boxeur véreux.

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Подземље, Podzemlje (Underground) d’Emir Kusturica (1995)

 

Adapté de la pièce de théâtre Proleće u januaru (Le Printemps en janvier) de Dušan Kovačević, qui en est le coscénariste, le film retrace le destin de trois individus dans l’ex-Yougoslavie, de 1941 à 1995. Lors des premiers bombardements de Belgrade, Blacky (Lazar Ristovski) et Natalija (Mirjana Jokovic) se réfugient dans la cave de Marko (Predrag 'Miki' Manojlovic). Pendant plusieurs décennies, celui-ci va les entretenir dans l’illusion que la guerre continue dans leur pays et les tenir reclus.

« Underground est mon film le plus important, j'y ai mis tout mon sang. », déclare Emir Kusturica à propos de sa seconde Palme d’or.

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Secrets and Lies (Secrets et Mensonges) de Mike Leigh (1996)

 

Après le décès de sa mère adoptive, Hortense (Marianne Jean-Baptiste), une jeune femme noire de 27 ans, décide de partir à la recherche de sa mère biologique. Elle découvre avec stupéfaction que Cynthia (Brenda Blethyn, prix d’interprétation féminine) est blanche et qu’elle vit avec Roxane, sa fille de 20 ans.

« Quoique le film ne soit en rien naturaliste, il s’agit de faire partager aux spectateurs l’impression que c’est un monde réel qui résonne avec leur vie : cette chimie est pour moi un processus politique et social. » Mike Leigh

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طعم گیلاس, Ta'm-e gilās (Le Goût de la cerise) de Abbas Kiarostami (1997)

 

Lorsqu’il décroche la Palme d’or en 1997, Abbas Kiarostami est un réalisateur iranien inconnu du grand public qui, faute de moyens, écrit, met en scène, monte et produit ses films lui-même. Le Goût de la cerise raconte les déambulations d’un homme (Homayun Ershadi) désespéré qui parcourt la banlieue Téhéran en voiture à la recherche d’une personne qui accepterait de l’enterrer après son suicide. Sa route croise celle de plusieurs personnages avec lesquels s’instaurent des dialogues façonnant une fable humaniste sur la vie et la mort.

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うなぎ, Unagi (L’Anguille) de Shōhei Imamura (1997)

 

Palme d’or ex aequo de 1997, L’Anguille est l’adaptation d’une nouvelle de Akira Yoshimura.

Après avoir passé huit ans derrière les barreaux pour le meurtre sa femme, Takuro (Kôji Yakusho) ouvre un salon de coiffure dans la banlieue de Tokyo. Personnage étrange et taciturne, il ne se confie guère qu’à son anguille, apprivoisée lorsqu’il était en prison. Sa morne existence est bouleversée par Keiko, qu’il sauve du suicide. La jeune femme, incarnée par Misa Shimizu, le trouble par sa sensualité.

Μια αιωνιότητα και μια μέρα, Mia eôniótêta kai mia méra (L'Éternité et Un Jour) de Theo Angelopoulos (1998)

 

En 1998, le réalisateur grec Theo Angelopoulos est au sommet de sa carrière lorsqu’il reçoit la Palme d’or pour L’Éternité et Un jour. L’idée du film lui vient après la perte de deux proches : le chef décorateur Mikes Karapiperis, et l’acteur Gian Maria Volonté, décédé sur le tournage du Regard d’Ulysse (1995). Qu’auraient-ils fait s’ils avaient pu vivre un jour de plus ?

Le cinéaste narre ainsi les derniers moments de la vie d’Alexandre, un écrivain se sachant condamné, incarné par Bruno Ganz. Sa rencontre touchante avec un orphelin clandestin s’entrelace avec les réminiscences de son passé.

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Rosetta de Luc et Jean-Pierre Dardenne (1999)

 

Âgée de dix-huit ans, Rosetta (Emilie Dequenne, prix d’interprétation féminine) se révolte à l’annonce de son licenciement de l’usine. Elle vit dans une caravane installée sur un terrain vague avec sa mère alcoolique. Luttant pour échapper à la misère et avoir une vie « normale », elle enchaîne les petits boulots et se refuse à accepter toute charité. Elle est alors embauchée par Riquet (Fabrizio Rongione) pour vendre des gaufres.

« Nous cherchons dans les lieux, les visages, les corps, les vêtements, un mélange, une indétermination propre à notre époque. » témoignent les frères Dardenne.

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