Palme d’or : les années 2010

Bande-annonce du film Parasite, 2019 © The Jokers / Les Bookmakers

 

Dans le courant des années 2010, le Palmarès continue de distinguer l’exigence artistique des cinéastes internationaux, de Apichatpong Weerasethakul à Bong Joon-ho. En mai 2017, une centaine d’artistes - Palmes d’or, lauréats, Présidents et membres des jurys - sont réunis pour célébrer le cinéma et la 70e édition du Festival.

La manifestation s’inscrit dans les problématiques contemporaines, avec en 2018 une montée des marches entièrement féminine menée par Cate Blanchett (Présidente du Jury cette année-là) et Agnès Varda (Palme d’honneur en 2015).

Retour sur une décennie de films à voir et à revoir chez vous.

ลุงบุญมีระลึกชาติ, Lung Boonmee raluek chat (Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures) de Apichatpong Weerasethakul (2010)

 

« Je me souviens juste que je suis né ici. Je ne me souviens plus si j’étais humain ou animal, un homme ou une femme… » L’oncle Boonmee se retire dans la campagne thaïlandaise pour vivre ses derniers jours avant d’être emporté par la maladie. Entouré de sa belle-sœur et de son soignant laotien, il reçoit la visite des fantômes familiers de sa femme et de son fils. Au cours d’un ultime voyage dans la jungle, il voit défiler ses vies antérieures.

Cinéaste et artiste plasticien, Apichatpong Weerasethakul explore la question de la mémoire et de la réincarnation. Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures s’attache à montrer que « le monde spirituel coexiste avec le monde réel sans frontière apparente. »

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The Tree of Life de Terrence Malick (2011)

 

À la date anniversaire de la mort de son père, Jack (Sean Penn) se remémore son enfance difficile dans le Texas des années 50, entre un père autoritaire (Brad Pitt) et une mère aimante (Jessica Chastain).

Avec The Tree of Life, son cinquième film qu’il décrit comme un « hymne à la vie », Terrence Malick mêle l’histoire (autobiographique) d’une famille américaine et celle (cosmique) de la genèse du monde.

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Amour de Michael Haneke (2012)

 

Anne (Emmanuelle Riva) et Georges (Jean-Louis Trintignant) sont deux retraités passionnés de musique classique. Leur fille Eva (Isabelle Huppert) est également musicienne. Un jour, Anne est victime d’une attaque et devient hémiplégique. Le couple d’octogénaires se replie alors dans son appartement bourgeois pour un dernier face à face bouleversant.

« Si on veut réduire le film à une phrase, ce serait : comment réagir face à la souffrance de quelqu’un qu’on aime ? » déclare Michael Haneke à propos de Amour.

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La Vie d'Adèle : Chapitres 1 et 2 de Abdellatif Kechiche (2013)

 

La Vie d'Adèle : Chapitres 1 et 2 est l’adaptation du roman graphique Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. À dix-sept ans, Adèle (Adèle Exarchopoulos) entame son initiation sensuelle avec un étudiant en terminale. Mais elle est bouleversée par Emma (Léa Seydoux), mystérieuse fille aux cheveux bleus. Grâce à elle, Adèle découvre le vertige du sentiment amoureux.

Pour la première fois dans l’histoire du Festival de Cannes, le jury attribue la Palme d’or au réalisateur du film ainsi qu’à ses deux interprètes principales.

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Kış Uykusu (Winter Sleep) de Nuri Bilge Ceylan (2014)

 

Pour écrire le scénario de Winter Sleep, Nuri Bilge Ceylan et sa coscénariste Ebru Ceylan se sont inspirés de trois nouvelles de Tchekhov.

Dans les somptueux paysages d’Anatolie, Aydin (Haluk Bilginer) tient un hôtel avec son épouse (Melisa Sözen) et se rêve dramaturge. Chez eux séjourne Necla, sa sœur divorcée (Demet Akbag). Alors que l’hiver s’installe, un enfant du village jette une pierre sur la voiture d’Aydin. L’incident agit comme le révélateur des tensions entre les personnages et des inégalités sociales.

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Dheepan de Jacques Audiard (2015)

 

Dheepan (Antonythasan Jesuthasan) s’est réfugié en France après avoir combattu avec les Tigres tamouls, une organisation indépendantiste du Sri Lanka. Afin d’obtenir le statut de réfugié politique, il a entraîné dans son exil une femme et une fillette inconnues. Tous trois tentent de construire un foyer au cœur d’une cité HLM où règne la violence.

Entouré d’acteurs non professionnels, Jacques Audiard signe avec Dheepan un récit social audacieux en même temps qu’une magnifique histoire d’espérance et d’amour.

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I, Daniel Blake (Moi, Daniel Blake) de Ken Loach (2016)

 

Daniel Blake est un menuisier veuf souffrant de problèmes cardiaques. Après avoir été victime d’un infarctus, il est déclaré apte au travail par les services sociaux et se voit refuser des allocations. Il s’engage alors dans une lutte contre les services d’administration informatisés de Grande-Bretagne et croise la route de Katie, une mère célibataire en souffrance.

« Le point de départ du film a été l'attitude délibérément cruelle consistant à maintenir les gens dans la pauvreté, et l'instrumentalisation de l'administration comme arme politique. » déclare Ken Loach qui, avec Moi, Daniel Blake, rejoint le cercle des rares réalisateurs à avoir reçu la Palme d’or à deux reprises.

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The Square de Ruben Östlund (2017)

 

Christian (Claes Bang) dirige un illustre musée d’Art contemporain à Stockholm. Père divorcé de deux enfants, c’est un homme respecté aux valeurs humanistes. Il prépare la future exposition du musée intitulée “Le Carré” : une installation engageant les visiteurs à agir avec générosité. Mais le vol de son téléphone portable en pleine rue révèle chez cet homme bien sous tous rapports une toute autre nature.

Avec The Square, le réalisateur suédois Ruben Östlund signe un portrait drôle et acerbe de notre société contemporaine.

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万引き家族, Manbiki kazoku (Une affaire de famille) de Hirokazu Kore-eda (2018)

 

À Tokyo, Osamu (Lily Franky) vit avec toute sa famille dans une maison vétuste. Sa compagne Nobuyo (Sakura Ando) travaille dans une blanchisserie, tandis que lui et le petit Shota multiplient les vols à l’étalage pour rapporter à dîner. Le foyer compte également la grand-mère et Aki, une jeune femme travaillant dans un peep-show. Un jour, Osamu recueille une petite fille maltraitée par ses parents. L’enfant devient rapidement un membre de ce clan aux lourds secrets.

Après Nobody Knows (2004) et Tel père, tel fils (2013), Hirokazu Kore-eda continue d’interroger les liens du sang. « La première chose qui me soit venue en tête a été cette phrase : “Seul le crime nous a réunis”. » a confié le réalisateur à propos de la genèse du film.

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Le Livre d'image (« Palme d'or spéciale ») de Jean-Luc Godard (2018)

 

Le Livre d’images de Jean-Luc Godard est une œuvre hybride, constituée d’extraits de films, documentaires et archives, à l’instar de son Histoire(s) du cinéma initiée en 1988. « La vraie condition de l’homme : penser avec ses mains. », scande le réalisateur au début du film, avant d’illustrer sa pensée en différents chapitres : la guerre, la loi, l’autre, l’ailleurs, le couple, l’impossible innocence, le langage, l’amour.

Après quatorze films présentés au Festival, le réalisateur de Pierrot le fou, qui avait réclamé l’annulation de la manifestation en mai 68, se voit couronné d’une « Palme d’or spéciale ».

기생충, Gisaengchung (Parasite) de Bong Joon-ho (2019)

 

Premier film sud-coréen à obtenir la Palme d’or, Parasite est également récompensé par quatre Oscars, dont celui du Meilleur film, un double sacre qui n'avait pas été réalisé depuis la création de la Palme d'or en 1955, avec Marty de Delbert Mann.

« Pour des personnes issues de milieux différents, cohabiter n’est pas chose facile » selon Bong Joon-ho. Le film fait ainsi se côtoyer la famille Ki-taek, vivant dans un sous-sol insalubre, et les Park, propriétaires d’une somptueuse villa. Le fils Ki-taek s’introduit dans la demeure de la riche famille en donnant des cours particuliers d’anglais. Débute alors une série d'événements entre drame, burlesque et fantastique, qui tendent le miroir d’un monde d'injustice et d'inégalités.

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