All that breathes : envolée onirique à Delhi

Photo du film ALL THAT BREATHES de Shaunak SEN © Shaunak Sen

À Delhi, Shaunak Sen consacre son documentaire All that Breathes à l’incroyable relation nouée entre deux frères et le Milan noir, rapace diurne à la tête grise striée de sombre, et citoyen à part entière de cette ville tentaculaire de 25 millions d’habitants. Au-delà de sa dimension écologique, le film du réalisateur indien, présenté en Séance Spéciale, prend des tonalités philosophiques autour de la nature et de l’urbain.

Reconnaissable à son bec noir, son iris jaune clair et ses pattes jaunes, il niche dans les zones boisées ou caillouteuses. Il est aussi en ville, un peu partout et au côté des vaches, rats, singes, crapauds et cochons qui peuplent Delhi. Comme de nombreux autres oiseaux qui sillonnent son ciel, le Milan noir s’abîme régulièrement sur les immeubles, troublé et empoisonné par l’air opaque de la ville, 12 fois plus toxique en 2017 que la seconde ville la plus polluée au monde, Pékin.

Au travers de All that breathes, chronique poétique contant l’histoire de Nadeem et Saud, convertis par la force des choses en chirurgiens ultra-qualifiés de l’oiseau migrateur, Shaunak Sen dessine le parallèle entre l’effondrement de l’écologie urbaine et l’escalade des tensions sociales dont ses protagonistes sont témoins. 

Cities of Sleep, son premier documentaire, dénonçait la « mafia du sommeil » qui impose son contrôle aux personnes forcées de dormir dans les rues de Delhi. Shaunak Sen s’intéresse cette fois à ceux qui gardent les yeux ouverts. « Je souhaite qu’en sortant de la projection de All that breathes, les spectateurs ressentent l’envie instinctive de lever la tête vers le ciel, et de prendre conscience de son enchantement. »