Atlantique de Mati Diop : le naufrage lumineux de la jeunesse sénégalaise

Photo du film Atlantique © Huma Rosentalski

Cinéaste et actrice, Mati Diop présente son premier long métrage en Compétition et à la Caméra d’or. Avec Atlantique, la franco-sénégalaise creuse un sujet cher à son cœur, déjà évoqué dix ans auparavant dans le court métrage du même nom (Atlantiques, 2009). Le péril de la migration est abordé dans cette œuvre puissante et féminine, où le terme « racines » semble prendre tout son sens.

L’histoire d’Atlantique commence avec le départ de Souleiman, jeune dakarois contraint de quitter son pays par l’océan dans l’espoir de jours meilleurs. En partant de cette réalité tristement banale, marquée par les drames collectifs de l’immigration clandestine, Mati Diop rend hommage à une jeunesse sénégalaise blessée mais touchée par la grâce, capable, aussi, d’un sursaut citoyen comme le mouvement « Y’en a marre », conduit en 2012 contre le Président Wade.

Au-delà de l’actualité politico-sociale, celle que l’on considère comme la relève du cinéma sénégalais choisit, en contant ce drame tourné en wolof, de s’insurger contre la réalité, tout en signant un film profondément féminin. Avec le personnage d’Ada, victime d’un mariage arrangé suite au départ en mer de son bien-aimé Souleiman, elle trouve une façon de vivre l’expérience de l’« adolescence africaine qu’elle n’a pas vécue ».

Le parcours de Mati Diop, fille du célèbre musicien Wasis Diop, c’est aussi une affaire familiale, une volonté de mêler passé et avenir. En 2013, elle réalisait Mille Soleils, un documentaire sur Touki Bouki, le long métrage réalisé en 1973 par son oncle, le cinéaste sénégalais Djibril Diop Mambety et qui abordait déjà à l’époque cette thématique désespérément actuelle.