Cannes 2021, une édition musicale

Photo du film TRALALA de Jean-Marie et Arnaud Larrieu © Jérôme Prébois / SBS Productions

 

Durant douze jours, le Festival de Cannes a joué sa partition musicale avec plusieurs longs métrages chantés ou mettant à l’honneur des artistes de la scène mondiale. Tour d’horizon des principaux films qui ont enchanté les oreilles dans les salles obscures.

En chansons : ainsi s’est ouvert, mardi 6 juillet, le 74e Festival de Cannes, qui a choisi Annette, la comédie musicale de Leos Carax présentée en Ouverture, pour donner le tempo d’une édition qui s’est avérée plus rythmée que jamais. Adam Driver et Marion Cotillard se donnent la réplique dans cet opéra-rock ombrageux presque entièrement chanté, tourné en anglais et propulsé par la pop baroque de Sparks, qui en ont composé la bande originale.

C’est encore du côté du cinéma français qu’il fallait se tourner pour continuer à chanter, ou plutôt à rapper. Dans Suprêmes, projeté en Séance de Minuit, la cinéaste Audrey Estrougo convoque la musique des rappeurs Joey Starr et Kool Shen pour raconter, dans une fiction créée à l’image de leur ascension fulgurante, le rôle crucial endossé par NTM dans la démocratisation du rap en France. Très en mouvement bien que jamais cadré à l'épaule, le film colle aux visages et aux corps de ses acteurs, qui au-delà de la danse et du chant, reproduisent à l’identique les postures et les mimiques des deux rappeurs.

L’autre film musical de la Sélection officielle dès son titre : Tralala, des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu, qui signent la comédie musicale ébouriffée de cette édition, dans laquelle Mathieu Amalric interprète un troubadour hirsute – inspiré du chanteur et musicien excentrique Philippe Katerine. Cette comédie décalée, présentée en Séance de Minuit et pour laquelle les cinéastes ont collaboré avec une flopée d’artistes – d’Étienne Daho à Dominique A, en passant par Jeanne Cherhal -, s’invente au fur et à mesure de son récit, parsemé de séquences chorégraphiées.

La musique a aussi innervé la jeunesse marocaine de Haut et Fort, le long métrage de Nabil Ayouch présenté en Compétition, qui suit un groupe d’adolescentes éprises de culture hip hop ou encore Aline, le biopic de Valérie Lemercier dans lequel elle revisite la vie de Céline Dion. Le pas de deux de cette sélection musicale a aussi connu un visage plus international avec The Velvet Underground, un documentaire de Todd Haynes sur le groupe expérimental new-yorkais emmené par Lou Reed.

Et c’est Bill Murray qui a clôturé cette 74e édition en musique dans New Worlds: The Cradle of Civilization, d’Andrew Muscato, qui capte dans ce film une performance scénique époustouflante, construite autour de son amour de la littérature et de la musique. Dans ce long métrage, l’acteur récite notamment des textes d’Hemingway et Whitman sur des interprétations de musique classique par Vogler. Le duo revisite aussi avec délice trois titres issus de la comédie musicale West Side Story. À Cannes, les notes s’envolent et les films restent.