Capharnaüm dans la société libanaise

Capharnaüm, 2018 © DR

Sept ans après Et maintenant on va où ?, une comédie dramatique audacieuse sur les tensions religieuses au Liban, sélectionnée à Un Certain Regard, la réalisatrice libanaise Nadine Labaki entre en Compétition avec Capharnaüm, dans lequel elle s’interroge sur la maltraitance des enfants.

Loin de l’optimisme dont témoignent les femmes de Et Maintenant on va où ? ainsi que de Caramel, le premier long métrage de la cinéaste, écrit lors de sa participation à la Résidence du Festival de Cannes, Capharnaüm dépeint une réalité plus crue et dérangeante sur les désarrois de l’enfance dans une société faite d’injustice.

Le film raconte le périple de Zain, 12 ans, en procès contre ses parents pour l’avoir mis au monde alors qu’ils n’étaient pas capables de l’élever convenablement. Se pose alors un problème qui remet en cause sa légitimité : en plus d’être maltraité, le jeune garçon est né sans papiers. A travers le combat de Zain, Capharnaüm se positionne comme porte-voix de ceux qui n’ont pas accès à leurs droits fondamentaux, l’éducation, la santé et l’amour.

J’ai voulu que le film rentre dans la peau de mes personnages plutôt que l’inverse.

Pour rendre compte de cette réalité hostile et servir la sincérité absolue du propos, Nadine Labaki s’est entourée d’interprètes dont la vie réelle ressemble à celle de Capharnaüm. « Il fallait que les acteurs soient des gens qui connaissaient les conditions dont il était question […] je le devais à tous ceux pour qui ce film servira d’étendard pour leur cause », affirme la cinéaste, qui met en scène ces personnages dans des situations déjà vues et vécues.

Avec Capharnaüm, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, Nadine Labaki continue son exploration de la société libanaise et livre une réflexion engagée à portée internationale sur les failles d’un système incohérent.