Film d’ouverture: Asghar Farhadi conjugue le passé en espagnol

Todos lo saben - photo du film © FDC

 

L’ouverture du Festival de Cannes s’offre, pour sa 71e édition, à l’Iranien Asghar Farhadi avec Todos lo saben (Everybody Knows), thriller psychologique enlevé par un casting hispanique d’exception qui compte Penelope Cruz, Javier Bardem et l’Argentin Ricardo Darín. Après Le Passé (2013), auréolé du Prix d’interprétation féminine pour Bérénice Bejo, et Le Client (Forushande, 2016), Prix du scénario et d’Interprétation masculine pour Shahab Hosseini, c’est un troisième film en Compétition au Festival pour le cinéaste-scénariste, et une première réalisation en terre castillane.

Asghar Farhadi a pensé les rôles pour ses trois têtes d’affiches. Depuis Jamón Jamón de Bigas Luna (1992) et pour la sixième fois de leur carrière, le couple formé par Javier Bardem et Penelope Cruz est réuni à l’écran. Dans le film, le rôle de l’époux est tenu par Ricardo Darín, secoué par l’événement survenu dans le village espagnol de sa femme Laura (Penelope Cruz), de retour de Buenos Aires avec ses enfants pour fêter le mariage de sa sœur. Pour Javier Bardem, Todos lo saben offre « une peinture extrêmement précise des mœurs espagnoles », résultat d’une étude très aboutie d’un réalisateur étranger. L’intrigue de ce drame social se déroule en effet sur la Péninsule ibérique, dans un petit vignoble en pleine nature, ce qui constitue un choix inédit pour l’artiste, qui avait déjà, avec Le Passé, préféré la France à l’Iran.

Des sinuosités psychologiques induites par le divorce aux dilemmes relationnels révélés par un épisode aussi traumatisant que soudain, l’auteur d’Une Séparation (2010) déroule sa réflexion réaliste autour des fissures familiales. Dans Todos lo saben, la sensibilité d’Asghar Farhadi fait, une fois de plus, ressurgir le passé, et s’intéresse aux « rapports humains entre villageois », sans volonté de transmettre un message. Si ce n’est celui, peut-être, d’éveiller la sympathie envers ses personnages, au-delà des frontières et des différences de culture.

Avec ce film d’ouverture humaniste, Asghar Farhadi étire le fruit de ses réflexions et s’entoure du fleuron des équipes espagnoles : le légendaire chef-opérateur José Luis Alcaine, collaborateur de Pedro Almodóvar, Carlos Saura et Bigas Luna, et la costumière Sonia Grande qui a œuvré pour The Others (Alejandro Amenábar, 2001) et Midnight in Paris (Woody Allen, 2011)). Todos lo saben est le deuxième film d’ouverture en langue espagnole depuis La Mala Educación de Pedro Almodóvar en 2004.