For The Sake of Peace : l’interview de Christophe Castagne et Thomas Sametin

Photo du film FOR THE SAKE OF PEACE de Christophe CASTAGNE et Thomas SAMETIN © DR

Depuis sa création en 2011, le Soudan du Sud est ravagé par des guerres civiles. Pour autant, certains croient dur comme fer à la paix entre les différents peuples du pays. For The Sake of Peace suit deux ouvriers de la paix engagés auprès de la fondation « Whitaker Peace & Development Initiative » : Nandege, courageuse médiatrice, et Gatjang, arbitre de foot dans un camp de réfugiés. Rencontre avec Christophe Castagne et Thomas Sametin, réalisateurs de ce film produit par Forest Withaker qui a reçu une Palme d'honneur, notamment pour son engagement.

Comment s’est déroulée la rencontre avec Forest Whitaker ?

Thomas : Nous avions déjà travaillé ensemble sur des courts documentaires pour la fondation Whitaker Peace & Development Initiative. Christophe était avec moi au Mexique et au Soudan du Sud en 2015, avant de tourner For The Sake of Peace.

Christophe : Forest est réellement engagé, ce n’est pas seulement pour être sur la photo, il a été très présent. C’est un immense acteur et un très grand homme.

Pourquoi le choix s’est-il porté sur le Soudan du Sud ?

Thomas : C’est un pays parmi les plus violents du monde, il y a une tension permanente. Y mener un programme avait du sens car la situation là-bas est très difficile.

Christophe : L’état de délabrement du pays est sidérant. La population est plombée, il n’y a pas cette joie de vivre que l’on peut trouver chez certaines populations en dépit de la pauvreté. La tristesse est partout. C’est un pays qui a fait la guerre pour obtenir son indépendance pendant un demi-siècle et qui depuis presque dix ans est secoué par les guerres civiles.

Comment avez-vous choisi les personnages du film, Nandege et Gatjang ?

Thomas : Nous avions déjà rencontré Nandege, c’est une fille impressionnante avec un sacré caractère, très courageuse. Pour Gatjang, nous voulions rencontrer quelqu’un dans les camps de réfugiés qui incarne la paix. On nous a présenté les arbitres de foot, ce qui avait un sens symbolique. Et puis Gatjang était le plus grand et le plus drôle.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Thomas : Tout est marquant à vrai dire dans un pays frappé par la guerre civile. Les gens meurent de faim, la guerre est tout autour.

Christophe : Ce qui m’a le plus frappé, c’est un personnage assez central, Komol. En vérité, c’est un réel tueur. Il est très intelligent, il a compris les enjeux de la fabrication de la paix. Il m’a fasciné, c’est une personne certes effrayante mais à la fois, il a assuré notre sécurité.

Quelles règles vous êtes-vous fixées pour le tournage de ce film ?

Thomas : L’intention première, guidée par Forest, était de ne pas réaliser d’interview. Il n’aime pas ça. À la place, nous avons fait de l’immersion, de la séquence.

Christophe : La narration à travers les dialogues, c’est compliqué, surtout quand on ne parle pas les langues qui étaient différentes selon les lieux de tournage. On initiait des thèmes et filmait les conversations, c’étaient de longs tournages. Puis il a fallu traduire tout cela au compte-goutte et ça a été un exercice très difficile. En tout cas, j’ai très envie de retourner dans ce pays magnifique où j’ai rencontré des gens incroyables.