Haut et Fort, portrait musical d’une jeunesse marocaine engagée

Photo du film Haut et Fort © Virginie Surdej et Amine Messadi

 

Neuf ans après Les Chevaux de Dieu au Certain Regard, le réalisateur marocain Nabil Ayouch fait son entrée en Compétition avec Haut et Fort, un film qui met en musique une jeunesse marocaine moderne et politique, désireuse de s’affranchir des traditions du pays.

Avec Haut et Fort, Nabil Ayouch s’invite au coeur des centres culturels pour donner la parole à la jeunesse, et rendre hommage à ces lieux de création qui lui ont tant apporté durant son adolescence. Le cinéaste suit le parcours d’Anas, ancien rappeur, qui s’est engagé dans le centre culturel de Sidi Moumen, le premier créé par la fondation du réalisateur, dans la banlieue de Casablanca. Encouragés par leur nouveau professeur, les jeunes vont tenter de se libérer du poids de certaines traditions pour vivre leur passion et se découvrir, au sein d’une société où pèsent les menaces contre la liberté d’expression.

 

Appuyé par une mise en scène naturaliste, parfois improvisée, Haut et Fort brouille la frontière entre la fiction et le documentaire pour faire résonner les voix d’une jeunesse dont les rêves, les doutes et l’engagement politique s’expriment à travers un rap engagé. Un genre musical qui a également marqué l’enfance du cinéaste, et dont la puissance permet « d’avoir accès à l’intimité des personnages, de s’en rapprocher et de mieux les comprendre », selon lui.

« Je voulais que la comédie musicale soit au coeur du réel et que le réel soit au coeur de la musique. »

Entouré d’acteurs non professionnels, Nabil Ayouch signe un film aux airs autobiographiques, à la fois joyeux et politique, social et musical, pour livrer un état des lieux de son pays d’origine. Un pari réussi qui lui vaut d’être le premier cinéaste marocain à être en lice pour la Palme d’or.