Kanal, portrait d’une Pologne résistante

Photo du film Kanal ( Kanal, Ils Aimaient la Vie ) © Malavida/Kadr

En 1957, le réalisateur polonais Andrzej Wajda décrochait le Prix du Jury avec Kanal (Ils aimaient la vie), dans lequel il évoque l’insurrection de Varsovie de 1944 et y dénonce l’inaction soviétique. Le film, qui illustre l’histoire polonaise et la guerre telle que le cinéaste l’a connue, est projeté à Cannes Classics en copie restaurée. 

Kanal, fresque sur l’ultime résistance des polonais de Varsovie contre l’occupant, raconte l’histoire d’un groupe de soldats, épuisés et encerclés par les Allemands, qui sont contraints de fuir par les égouts pour rejoindre le centre-ville où les combats se poursuivent encore. Tous ont une histoire, tous ont peur de mourir et sont bien déterminés à vivre dans cette traversée des égouts qui ressemble de plus en plus à un piège. 

Avec des images d’un noir et blanc particulièrement expressif, le film nous plonge dans l’expérience des soldats, au plus près de leur courage mais également de leur désespoir. Réaliste et romantique, Kanal témoigne aussi bien de la résistance militaire que de l’amour qui règne en temps de guerre. 

Véritable succès en Europe de l’Ouest, Kanal attire l’attention sur un cinéma polonais en pleine rénovation et propulse Andrzej Wajda sur la scène internationale. Le film est le deuxième volet de sa trilogie de guerre, après Génération en 1955, l’histoire d’un jeune homme sous l’occupation allemande qui entre dans une organisation communiste par amour pour une résistante. 

Le cinéaste s’impose alors comme figure du cinéma de guerre et clôt sa trilogie en 1958 avec Cendres et Diamant, dans lequel un jeune militant romantique s’enfuit après avoir tué un chef communiste par erreur. Andrzej Wajda y exprime le conflit idéologique et historique dont témoignaient déjà ses deux premiers films.