Kore-Eda agite son kaléidoscope familial

Photo du film Manbiki kazoku (Une affaire de famille) © DR

 

Septième film en Sélection et quatrième en Compétition pour Kore-Eda Hirokazu, lauréat du Prix du Jury en 2013 pour Tel père, tel fils (2013). Avec Manbiki Kazoku (Une Affaire de famille), le réalisateur japonais s’écarte subtilement des relations père-fils, et souffle l’histoire de Shibata Osamu (Lily Franky) et des siens, saisis par leur rencontre avec la petite Hojo Juri (Sasaki Miyu), maltraitée par ses parents. Une nouvelle façon, pour ce virtuose de la vraie vie au cinéma, d’enrichir sa radioscopie de la cellule familiale.

Souffrances ou tâtonnements de l’enfance, réflexions sensibles sur le rôle du père : quelque soit l’angle choisi par le réalisateur japonais, la famille est au centre de son œuvre. Moins intimiste et plus en colère qu’à l’accoutumé, Kore-Eda Hirokazu poursuit cette fois son exploration de l’existence humaine sous le toit des Shibata, foyer dysfonctionnel lié par les délits. Parfois initiatique, le récit est porté par des comédiens remarquables dont certains, à l’image de Kiki Kilin, sont en passe de devenir fétiches. Iconique personnage de grand-mère de Tel père, tel fils (2013) et d’Après la Tempête (2016), l’actrice est la merveilleuse doyenne revêche d’Une affaire de famille.

Héritier consacré de Yasujiro Ozu, Kore-Eda Hirokazu partage son intérêt pour les ambiances diluées dans le temps. De ces visions réalistes, naissent des histoires de la vie réelle où, comme dans la vraie vie, on passe du rire aux larmes.

 

Même si le film est réaliste, je voulais évoquer la poésie des êtres humains qu’on y rencontre, et la photo comme la musique faisaient partie des outils que je souhaitais utiliser pour y parvenir.

À l’image, l’illustre chef-opérateur japonais Kondo Ryuto offre « un point de vue très riche sur la mise en scène » au réalisateur, aidé par ses nombreuses propositions d’interprétations de l’histoire et des personnages. Quant au compositeur Hosono Haruomi, sa musique s’accorde superbement, pour le cinéaste, avec « la dimension fantasmatique du récit ».