Les trois étoiles de Jafar Panahi

Photo du film Se rokh (Trois visages) © DR

 

Après le drame social Talaye Sorgh (Sang et Or), Prix du Jury Un Certain Regard en 2003, et la subtile réflexion sur la censure d’In Film Nist (Ceci n’est pas un film, 2011), Se Rokh (3 Visages) est une troisième participation en Sélection officielle pour l’Iranien Jafar Panahi. Il ose, à travers ce film en Compétition, trois portraits de femmes servis par un décor naturel, les montagnes reculées du Nord-Ouest de l’ancienne Perse.

Au même titre que sa précédente réalisation, Se Rokh est une invitation au voyage. Au volant de son documentaire fiction Taxi Téhéran en 2015, le cinéaste régalait le spectateur de truculentes pastilles de vie, entrevues au gré de ses passagers et habitants de la remuante capitale iranienne. Laissant aux embouteillages les klaxons des polluants tacots, l’auteur du Ballon Blanc (1995) conduit cette fois son voyageur vers les fraîches montagnes iraniennes, aux abords de la frontière arménienne. Là-bas, les traditions ont la vie dure, et ce paysage brut sert d’écrin à cette nouvelle peinture de la société iranienne par Jafar Panahi.

Le destin de trois actrices s’entremêle, trois femmes aux âges et parcours distincts. Jafar Panahi les accompagne, au sens propre comme au figuré. L’une, issue de la période pré-révolution, a été contrainte de cesser de jouer. La seconde est une star populaire d’aujourd’hui, connue dans tout le pays, et la troisième est une fille dans la fleur de l’âge, désireuse d’intégrer une école de théâtre. Elle implore l’aide de la seconde pour desserrer l’étau d’une famille engluée dans ses convictions. Tel un sociologue, le prolifique Iranien ouvre à nouveau son regard sur ses concitoyens, avec tendresse et délicatesse. Pour son premier film en Compétition, il est en lice pour la Palme d’or avec un compatriote, Asghar Farhadi pour Todos lo Saben.