Mes Frères et Moi, le regard de Yohan Manca

Photo du film Mes frères et moi © David Koskas - Single Man Productions

 

Inspiré d’une pièce de théâtre, le premier long métrage de Yohan Manca conte l’histoire d’un gamin des quartiers populaires de Sète qui rêve de devenir le ténor italien Luciano Pavarotti. Déjouant les clichés, le cinéaste - épaulé par le chef opérateur Marco Graziaplena - filme une fratrie avec un regard imprégné de cinéma italien des années 1960-70.

Qu’avez-vous souhaité raconter au travers de Mes Frères et Moi ?

Comment une rencontre nous fait parfois prendre de manière miraculeuse un autre chemin et comment l’art ou la culture peuvent nous faire réfléchir autrement, nous interroger et nous sauver.

Quelle était l’atmosphère sur le tournage ?

Elle était très familiale. J’ai eu la chance de travailler avec des gens qui me suivent depuis mes premiers courts-métrages. Il y avait de l’amour et une grande envie de raconter cette histoire tous ensemble.

Quelques mots sur vos acteurs ?

J’ai écrit le rôle de Sarah pour Judith Chemla après l’avoir entendu chanter La Traviata au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris. C’est une actrice merveilleuse. Elle a tourné dans mes deux précédents courts-métrages, tout comme Sofian Khammes, que je connais depuis mes premiers cours de théâtre. C’est un acteur libre et génial. Avec Dali Benssalah, nous nous sommes rencontrés autour de ce projet, et je crois qu’il fait partie désormais de notre famille. Tout comme les deux plus jeunes : Moncef Farfar, qui n’avait jamais fait de théâtre, ni de cinéma. C’était un baptême pour lui. Et le petit, Maël Rouin-Berrandou, un acteur né. Ce genre de gars dont on se dit dès les premiers instants que le jeu coule dans ses veines.

Qu’avez-vous appris durant la réalisation de ce long métrage ?

Que la réalisation d’un film demande évidemment beaucoup de travail, mais que c’est aussi une petite succession de miracles si ça ne se passe pas trop mal à la fin.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisateur ?

Les comédies populaires françaises d’abord, celles qui passaient dans le téléviseur. La troupe du Splendid par exemple : des génies absolus. Le film des Inconnus, Les Trois Frères, que j’ai dû voir 2300 fois. Et puis, un peu plus tard, tout le cinéma italien des années 1960-70 : Scola, Fellini et Antonioni. Ayant arrêté l’école trop tôt et n’ayant pas fait d’école de cinéma, les films et ces mots de Martin Scorsese m’ont donné beaucoup de force : « Pour apprendre à faire du cinéma, regardez les films ».

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

Je suis en train d’adapter le livre d’une avocate sur une affaire passionnante autour de la piraterie somalienne.

Quel regard portez-vous sur le cinéma français ?

On a une diversité de propositions et une ouverture que je trouve exceptionnelles. J’ai eu la chance de travailler un peu en Espagne, d’avoir un directeur de la photographie italien… J’entends des choses sur les conditions de travail et de financement des films dans les autres pays qui m'amènent à cette conclusion : il faut qu’on préserve notre exception, elle est précieuse.