Romy Schneider, une icône indépendante dans l’œil de Lucie Cariès

Photo du film ROMY FEMME LIBRE de Lucie CARIES © Eva Sereny - Iconic Images

Dans Romy, Femme libre, Lucie Cariès remonte le fil de la carrière de Romy Schneider à l’aune de ses choix professionnels et sentimentaux. Au travers de ce documentaire fourmillant d’archives où l’iconique actrice se raconte, la cinéaste décrit la femme indépendante, déterminée et solaire qu’elle était.

Vous cosignez Romy, Femme libre avec Clémentine Deroudille. De quelle manière s’est engagée votre collaboration ?

Clémentine est aussi commissaire de l'exposition sur Romy Schneider qui se tient à la Cinémathèque Française. Elle a eu l'idée de proposer un film avec un regard nouveau et a contacté Félicie Roblin, productrice chez Zadig, qui s'est tournée vers moi pour que je le réalise.

 

Qu'entendez-vous par « regard nouveau » ?

Par facilité, nous associons depuis sa mort Romy Schneider à certains de ses rôles et aux drames de sa vie. Et c'est précisément cela que nous avons souhaité casser avec Clémentine. Nous proposons, grâce aux archives, de nous replacer dans sa temporalité et de découvrir à quel point c'était une femme déterminée, courageuse et solaire.

 

Vous déplacez le regard en revenant sur ses choix, qu'elle assumait quitte à tout bouleverser…

Sentimentalement et professionnellement, elle a toujours été chercher ce qu'elle voulait avec les dents. Elle a quitté des hommes et des pays. Elle a su être dans la rupture à chaque moment important de sa vie.

 

À quel point son histoire a-t-elle a influencé sa carrière ?

Je ne sais pas si elle allait vers des rôles parce qu’ils faisaient écho en elle. Ce qui intéressait Romy Schneider, c'était d'explorer. Elle avait une telle passion pour son métier qu'elle a eu envie de tout essayer. Elle a d’ailleurs regretté de ne pas avoir pu retourner faire du théâtre, comme avec Luchino Visconti.

« Avec Luchino Visconti, ils travaillaient ensemble pour tirer le meilleur d’elle ».

Est-il celui qui a fait d'elle une comédienne ?

Sans aucun doute. Il l’a lancée vers un chemin très différent en la faisant travailler d'une façon acharnée et en la poussant dans ses retranchements avec une réelle bienveillance. Ils travaillaient ensemble pour tirer le meilleur d’elle.

 

On associe davantage Romy Schneider à son personnage dans L'important c'est d'aimer (1975), d'Andrzej Żuławski…

Romy, c'est avant tout la Rosalie de César et Rosalie (1972), le film de Claude Sautet ! La puissance de la rencontre entre ces deux-là a donné lieu à des films absolument intemporels et indémodables. Elle a été beaucoup plus proche du personnage de Rosalie que d'autres rôles parfois terribles qu'elle a pu jouer.

 

Quel type d'archives avez-vous eu entre les mains ?

J'ai réuni tout ce qu'elle a pu dire à différents moments de sa vie dans des interviews écrites, télévisées ou radiodiffusées. Certains moments sont des OFF. J'ai utilisé certains extraits pour les mettre dans la bouche de Swann Arlaud, qui prête sa voix pour le commentaire du film. J'avais douze ans quand elle est morte et j'ai essayé de m’en délester pour la redécouvrir.

 

Comment la collaboration avec Swann Arlaud s'est-elle nouée ?

Cela fait des années que j'aime sa voix et je m'étais noté de penser à lui, un jour, pour un film. J'avais très envie que ce soit un homme jeune et moderne, qui assume d'être vulnérable parfois, et qu'on ait la sensation d’une discussion de comédien à comédien. Il ne fallait pas qu'il soit amoureux d'elle, mais dans une sorte de proximité qui n’aille pas trop loin.