Satoshi Kon, l’illusionniste : rencontre avec Pascal-Alex Vincent

Photo du film Satoshi Kon : yumemiru hito (Satoshi Kon, l'illusionniste) © DR

 

Sélectionné à Cannes Classics, le documentaire Satoshi Kon, l’illusionniste réalisé par Pascal-Alex Vincent propose un voyage entre l’Asie et l’Occident, sur les traces du cinéaste d’animation Satoshi Kon, auteur entre autres de Perfect Blue, Millennium Actress et Paprika. Rencontre.

Comment avez-vous découvert l’œuvre de Satoshi Kon et quelle influence a-t-elle eu sur votre rapport au cinéma ?

J’ai eu le privilège de découvrir l’œuvre de Satoshi Kon au cinéma pour son premier film, Perfect Blue. À l’époque je fréquentais déjà le cinéma japonais. Ce qui était très intriguant, c’est que c’était un film d’animation interdit au moins de douze ans. Je me suis tout de suite dit qu’il y avait là un auteur.

Si Satoshi Kon propose un voyage entre fiction et réalité, entre les dimensions, vous nous emmenez à votre tour, avec ce documentaire, dans un voyage entre Tokyo, Londres, Paris et New York…

En effet, il m’importait que le film ne soit pas entièrement japonais, qu’il soit itinérant afin d’ouvrir la fenêtre et montrer que l’œuvre de Satoshi Kon a irrigué le cinéma international. Montrer que ce n’était pas juste un auteur d’animation japonais, mais un cinéaste à la fois intemporel et universel.

Satoshi Kon disait qu’il y avait de lui dans chacun de ses films. Diriez-vous qu’il y a de vous dans ce documentaire ?

Oui, je pense qu’il y a de moi dans le film, dans le sens où il relève de ma volonté d’enseignant qui est celle d’un passeur. Je tiens énormément à ce que ce film s’adresse à ceux qui ne connaissent pas Satoshi Kon. C’est un film pour tous.

« Visionnaire. Il n’y a pas de meilleur mot pour qualifier Satoshi Kon. »

Comment s’est déroulé le tournage ?

Ce sont les producteurs de Satoshi Kon qui m’ont contacté pour faire ce film, à l’occasion des 10 ans de l’anniversaire de la mort de Kon. Mais on a fait ce film en pointillé, de manière décousue, à cause de la situation sanitaire. Avec toujours cette question : va-t-on réussir à finir le film ? J’avais des interviews dans plusieurs pays, c’était très compliqué.

Diriez-vous de l’engagement de Satoshi Kon, de ses discours satiriques sur les technologies, le travail, la célébrité que cela fait de lui un visionnaire de notre époque contemporaine ?

Il n’y a pas de meilleur mot pour qualifier Satoshi Kon. Il a vu avant tout le monde l’avènement de la suprématie d’Internet, de la téléphonie mobile. Il avait déjà compris que vingt ans plus tard, on aurait plusieurs vies : une vie réelle, une vie virtuelle, et celle de nos rêves.