Des hommes, récit d’une guerre sans nom par Lucas Belvaux

DES HOMMES - Photo du film © SYNECDOCHE / AD VITAM

 

Onzième long métrage déjà pour le réalisateur Lucas Belvaux qui, avec Des hommes, s’empare du lourd sujet de la Guerre d’Algérie. À travers l’adaptation du roman éponyme de Laurent Mauvignier, porté à l’écran avec brio par Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin, Lucas Belvaux nous livre un témoignage aussi glaçant que nécessaire sur une période de l’Histoire longtemps passée sous silence. Distribué par AD VITAM, le film sortira dans les salles en France le 2 juin.

Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements », en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

“C’est un film sur la mémoire, les souvenirs, les cicatrices. Pour ceux qui en sont revenus, cette guerre ne s’est jamais terminée parce qu’on ne l’a jamais nommée, jamais considérée comme telle. (…) nos personnages n’ont vu que ce qu’ils ont vécu. C’est-à-dire des fragments, des instants. Ils ont fait ce qu’ils pensaient être leur devoir et se sont rendu compte, plus tard, qu’ils avaient été les rouages d’une mécanique terrifiante. Sans avoir nécessairement les mots pour en parler, sans être sûrs d’être entendus et compris. On dit souvent que les anciens d’Algérie n’ont pas raconté, je crois surtout que personne ne voulait les entendre.” Lucas Belvaux

Projeté au Festival de Deauville après sa sélection cannoise en 2020, Des hommes aborde une narration en flash-backs où le présent dialogue avec le passé et les récits individuels avec la grande Histoire. Tout au long du film des liens se tissent entre les personnages à l’heure de la guerre d’Algérie, interprétés par une nouvelle génération d’acteurs très prometteuse, et ceux qu’ils sont devenus aujourd’hui, incarnés avec une grande justesse par le trio Depardieu-Frot-Darroussin.

Un film politique qui interroge sur la transmission d’une mémoire polyphonique empêchée par l’incompréhension, la détresse et la culpabilité. Seuls les mots du roman de Laurent Mauvignier peuvent dire l’horreur de la guerre sous la forme d’une voix-off très présente dans le film. À travers les histoires intimes et les secrets d’une famille, Lucas Belvaux nous relate l’Histoire et le silence d’une nation.